Olivier Faure veut utiliser le 49.3 pour abroger des réformes et va à l'encontre du programme du NFP
Le temps des arrangements avec les promesses du Nouveau Front populaire est-il venu? Les membres de l'alliance de gauche, qui a terminé en tête, contre toute attente, des élections législatives ce dimanche 7 juillet, veulent dans leur programme "abroger le 49.3", un outil de "la monarchie présidentielle dans la pratique des institutions".
Pourtant ce 8 juillet, invité de France info, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), a joué une partition différente. Il explique que "ce qui s'est fait par 49.3 peut se défaire par 49.3." Et pointé qu'"il s'agirait d'un parallélisme des formes". Dans l'hypothèse où le remplaçant du Premier ministre Gabriel Attal serait issu de la gauche, il ne ferme pas la porte à une utilisation raisonnée. Notamment pour abolir la réforme des retraites, adoptée grâce à cet article.
"80% des Français étaient hostiles à cette réforme", rappelle Olivier Faure. "Je pense que chacun comprendrait que ce qui a été imposé par le 49.3 peut être éventuellement aussi défait par 49.3".
"Je ne dis pas que sur tous les projets, il faut à chaque fois revenir avec le 49.3. Il faut essayer de gouverner différement", défend le patron des socialistes. "Nous devons effectivement chercher texte par texte des majorités", a assuré le député réélu de Seine-et-Marne. "Il ne peut pas y avoir un pouvoir jupitérien qui s'installe à Matignon", a-t-il voulu rassurer.
C'est non pour Sandrine Rousseau
Invitée de BFMTV ce lundi, Sandrine Rousseau, député réélue de la 9e circonscription de Paris, ferme la porte à cette possibilité.
"Le Nouveau Front populaire ne gouvernera pas par 49.3", tranche-t-elle. Y compris sur le budget. "Nous respecterons l'Assemblée nationale dans sa souveraineté, et dans sa capacité à faire des amendements".
"Nous respecterons les équilibres de l'Assemblée. Nous chercherons des majorités texte par texte, amendement par amendement. C'est une démocratie parlementaire, c'est l'esprit du Parlement", enfonce Sandrine Rousseau. "À chaque fois il y a une brutalisation du Parlement par le 49.3", regrette l'élue.
"C'est ce qui a tellement manqué dans les 2 années que nous venons de vivre", explique Sandrine Rousseau. En effet, depuis les législatives de 2022, et la perte par Emmanuel Macron de sa majorité absolue, le gouvernement a dû recourir 23 fois au 49.3 dans le cadre des lois de finances notamment.
"Le réalisme s'impose"
Mais le temps du choc avec le réel, dans une Assemblée sans majorité claire, qui s'annonce ingouvernable, est venu. La majorité relative du NFP est "fragile", concède encore Olivier Faure sur France Info. "Le réalisme s’impose, nous serons obligés de discuter", a-t-il encore affirmé.
Pour le moment, l'heure est aux réunions, au NFP. Olivier Faure, Marine Tondelier, Fabien Roussel ou encore Manuel Bompard doivent se voir notamment pour désigner leur candidat à Matignon. Une occasion d'accorder les violons.