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Egypte

Opérations ou autopsies? Comment les Égyptiens tentaient déjà de soigner le cancer pendant l'Antiquité

Photo des crânes analysés par l'équipe de chercheurs de l'Université de Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, publiée le 29 mai 2024.

Photo des crânes analysés par l'équipe de chercheurs de l'Université de Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, publiée le 29 mai 2024. - Universidad USC

Des scientifiques espagnols ont découvert le plus ancien cas d'intervention oncologique sur des crânes égyptiens vieux de plus de 4.000 ans.

On la surnomme à tort "la maladie du siècle". Le cancer, contrairement à l'idée que l'on s'en fait, n'est finalement pas qu'un fléau moderne. D'ailleurs, une nouvelle étude, publiée ce mercredi 29 mai dans la revue Frontiers in Medicine, met en lumière la manière dont les Égyptiens tentaient déjà de guérir cette maladie, il y a de ça plus de 4.000 ans.

Preuve irréfutable pour les chercheurs: deux crânes égyptiens, dont les entailles laissent présager l'affection d'une tumeur et l'exécution d'opérations chirurgicales pour tenter de la soigner.

Le cancer, "aussi vieux que le temps"

À l'aide d'un microscope, l'équipe de scientifiques, dirigée par le paléopathologiste Edgard Camaros de l'Université de Saint-Jacques-de-Compostelle (Espagne), a analysé en détail deux crânes égyptiens, issus de la collection de l'Université de Cambridge, indique le quotidien espagnol El Pais.

Selon les chercheurs, les marques de blessures et d'entailles visibles sur les crânes attestent non seulement des cas de cancer, mais aussi des premiers signes d’une chirurgie oncologique, la plus ancienne connue jusqu'à ce jour.

Le premier crâne, daté entre 663 et 343 avant J-C, correspond à celui d'une femme d'environ 50 ans, dont la tumeur est apparue à l’arrière de la tête. Le deuxième crâne, beaucoup plus vieux (entre 2687 et 2345 avant J-C), appartient cette fois à un homme et laisse indiquer, d'après les marques, le développement de métastases.

"Le cancer est aussi vieux que le temps", a affirmé le paléopathologiste Edgard Camaros au New York Times.

Plus intéressant encore, autour de ces tumeurs se trouvent aussi des traces de coupures probablement causées par la manipulation d'un outil métallique. Cette découverte laisse supposer que les anciens Égyptiens pratiquaient déjà des opérations chirurgicales afin de guérir le cancer ou qu'ils réalisaient des autopsies pour tenter d'en apprendre davantage sur cette maladie.

Une médecine pharaonique

Si le cancer tel que nous le connaissons aujourd'hui n’était pas encore bien compris dans l'Égypte ancienne, la médecine égyptienne était déjà très avancée par rapport à une grande partie du monde antique. Les momies, par exemple, témoignent de nombreux gestes médicaux (cicatrisations, trépanations, soins dentaires etc).

On attribue d'ailleurs le plus ancien traité médical connu à l'Égypte antique. Le papyrus Ebers, écrit par l'auteur présumé Imhotep, remonte à environ 3.600 ans et relate plusieurs faits observables de maladies ou encore de remèdes en tout genre. Certains chercheurs, précise le Times, y voient également l'évocation de cas de cancer, le texte décrivant pour la première fois ce que les Égyptiens avaient identifié comme étant le "cerveau" humain.

Pour Edgard Camaros, cité par le New York Times la découverte de ces crânes donne aux scientifiques une nouvelle perspective d'étude. Le paléopathologiste envisage d'ailleurs de poursuivre ses recherches sur des sites antiques au Kenya, certain que cette récente découverte en Égypte "n'est qu'un exemple" parmi d'autres.

Orlane Edouard