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"Oui, j'ai la haine": la colère de Patrick Jardin avant son témoignage au procès des attentats du 13-Novembre

Nathalie, fille de Patrick Jardin, est morte au Bataclan lors des attentats du 13-Novembre à Paris. Six ans après les attaques qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés, ce Nordiste n'est pas prêt de pardonner.

Depuis plusieurs semaines, les témoignages se succèdent au procès des attentats du 13-Novembre. Mardi, ce sera au tour de Patrick Jardin, père de Nathalie, morte au Bataclan, d'aller à la barre. Depuis un mois et demi, ce Nordiste suit le procès à distance, grâce à la webradio.

"Je suis costaud, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi dur, confie-t-il à BFM Lille. J'ai même un peu honte, moi, d'aller témoigner mardi, parce que, entre guillemets, 'je n'ai que perdu ma fille'. Il y en a d'autres qui ont perdu deux enfants, il y en a qui ont perdu un membre, d'autres (...) la vue, l'audition. C'est horrible."

"J'ai la haine parce qu'on m'a privé de ma fille"

Loin d'apaiser sa peine, les témoignages des victimes renforcent sa colère. Depuis six années, il ne comprend pas pourquoi la plupart des parties civiles "pardonnent".

"Je suis stupéfait de voir que les gens sont dans l'acceptation, ils n'ont pas la haine, ils pardonnent, s'étonne-t-il. Le contraire de la haine, c'est l'amour. Moi j'adorais ma fille, donc oui, j'ai la haine parce qu'on m'a privé d'elle."

À 68 ans, il reconnaît avoir encore aujourd'hui des envies de vengeance. Mais il ne passera pas à l'acte, pour "préserver sa famille". Il n'attend rien du procès, pas même des réponses. À la barre ce mardi, Patrick n'évoquera pas le souvenir de sa fille Nathalie. Il veut profiter de l'occasion pour délivrer son message et sa version des faits.

"J'ai l'unique chance de pouvoir amener à la Cour, à mon avis, des éléments qu'ils ne connaissent peut-être pas évidemment. Ce qui leur permettra peut-être de poser les bonnes questions aux accusés", assure-t-il.

Sur son téléphone, rapporte Le Monde, il conserve notamment des photos de l'autopsie de sa fille où il croit déceler, contre l'avis des experts de l'institut médico-légal, les stigmates d'un égorgement. Selon les enquêteurs qui se sont succédé à la barre, aucun couteau n'a été retrouvé.

Face à la Cour ce mardi, il n'aura, affirme-t-il, aucun mot, ni regard pour les boxes des accusés.

Chloé Berthod et Solenne Bertrand