Panier anti-inflation: les distributeurs en ordre dispersé
System U a dégainé ce matin avec une offre de "150 produits du quotidien à prix coûtants". Le distributeur explique qu'il inscrit sa démarche "dans le cadre du projet gouvernemental", mais qu'il décide de se lancer "sans attendre". Dans la foulée, Lidl a annoncé que "en concertation avec Olivia Grégoire, ministre en charge du Commerce, qui porte le projet, il allait "mettre en place un panier anti-inflation".
Deux "prises de position" précieuses pour la ministre, qui les "salue" cet après-midi dans une interview à LSA. Du côté de Bercy, on précise que les "discussions se poursuivent avec les autres distributeurs". Olivia Grégoire "veut croire qu’ils vont être responsables."
Parce que voilà: "L'action collective" qu’elle appelait encore de ses vœux lundi matin semble avoir du plomb dans l'aile. Selon nos informations, Carrefour a pris sa décision: cela se fera sans lui. Sans Franprix également, qui s’en tient à ses propres dispositifs en faveur du pouvoir d’achat. D’après nos informations, la maison-mère, Casino a laissé le choix à ses différentes enseignes de suivre, ou pas, le projet de l’exécutif.
Du côté de Bercy, on assure que, s'il y a des initiatives propres à chaque distributeur, cela n'empêche pas une action collective. "La porte n'est pas fermée", nous dit-on notamment. L'exécutif veut un panier d'"une cinquantaine de produits à prix bas, mais pas à prix coutants", avec "un prix maximal national". Une sorte d'outil pouvoir d'achat pour les consommateurs, pour leur faciliter la comparaison quand ils font leurs courses.
System U précise qu'il y a dans son panier cette cinquantaine de produits dont parle le gouvernement. Et du côté de Bercy on s'attend à ce qu'un autre distributeur suive le mouvement dans les heures ou les jours qui viennent, mais si - à part Carrefour - la plupart des distributeurs ne se sont pas opposés frontalement au projet gouvernemental, ils trouvent qu’en l’état, c’est trop complexe.
"Laisser faire les gens dont c’est le métier!"
"On n’a pas attendu pour faire ce qu’on avait à faire pour nos clients", lâche un distributeur, qui s’étonne d’avoir découvert l’initiative du gouvernement, mi-janvier, en ouvrant son journal. Les réunions organisées depuis n’ont pas permis d’avancer beaucoup plus, raconte un participant, qui décrit "un projet qui bouge tout le temps" et qui vire au "trop administré". Lui prône "un système souple", avec des enseignes libres de faire ce qu’elles veulent. Il refuse l’idée d’un "prix maximal national".
"Il faut laisser faire les gens dont c’est le métier!", nous dit-on dans l’entourage d’un patron de la grande distribution, où l'on alerte aussi sur le timing donné pour l’entrée en vigueur de ce panier: le 1er mars, ce sera la fin des négociations commerciales et les prix risquent de bouger à ce moment-là. "Cela pose un problème sur le plan purement pratique", nous dit un acteur de la distribution. "C'est justement le but de l'opération", rétorque-t-on du côté de Bercy: "Répondre à la problématique du pouvoir d'achat quand l'inflation est la plus forte".