Paris: des élèves juifs discriminés à l'oral du bac? Une enquête administrative demandée
Une "enquête approfondie" a été lancée après des suspicions de discrimination visant des élèves d'un lycée juif du 13e arrondissement de Paris pour les épreuves du bac, indique Nicole Belloubet, ministre de l'Éducation, ce jeudi 11 juillet.
"Vous avez été nombreux à m'alerter sur cette situation. Dès connaissance des faits, j'ai demandé à mes services de lancer une enquête approfondie. Si les faits étaient avérés, ils seraient intolérables dans notre École. Et je ne laisserai rien passer", a-t-elle écrit sur X (ex-Twitter).
Des notes "anormalement basses" auraient été données à ces élèves de l'école Yabné pour le grand oral, a dénoncé la néo-député de la 8ème circonscription des Français établis hors de France, Caroline Yadan, sur X.
"9 points d'écarts"
"Je n’ose croire que des examinateurs de Paris 18 se soient livrés à une telle discrimination", a-t-elle écrit sur le réseau social, demandant à la ministre d'ouvrir une enquête, au même titre que l'ancienne ministre Laurence Rossignol.
Dans un communiqué, le groupe scolaire indique avoir été alerté "de notes très inférieures à la moyenne des autres candidats pour 15 élèves répartis dans deux jurys différents à l'occasion du passage de leur épreuve du grand oral".
Sur le même réseau social, l'avocat Patrick Klugman affirme que le lycée privé sous contrat Yabné "a constaté un biais de notation au préjudice de 15 de ses élèves qui ont passé l'oral de spécialité du bac devant deux jurys d'un même centre d'examen à Paris".
"On parle de 9 points d'écart sur 20 en moyenne par rapport aux 123 autres candidats du lycée qui sont passés devant d'autres jurys. Cet écart qui n'est explicable ni statistiquement ni pédagogiquement fonde une suspicion de discrimination", indique sur le réseau social X Patrick Klugman, l'avocat mandaté par le groupe scolaire.
Le lycée a demandé "que les notes discriminatoires soient écartées pour ne pas porter préjudice aux élèves", a-t-il complété.
Interrogé par Radio J, le directeur de l'établissement, Samuel Arbib indique que l'école veut faire ce qui est en son pouvoir pour "défendre [ses] élèves contre toute injustice".
Des suspicions propagées sur les réseaux sociaux
Sur le réseau social, la première mention sur le sujet est une capture d'écran d'un message diffusé sur WhatsApp.
"Un saccage en règle à l'examen du grand oral" aurait eu lieu alors que les élèves "ont passé l'épreuve dans un lycée du 18e", est-il écrit. Des notes "catastrophiques" allant de 4 à 8 sur 20 sont évoquées.
"L'épreuve compte pour 40% de la note du bac", poursuit le message dont l'auteur est anonyme (en réalité, l'oral du bac compte pour 10% de la note finale en filière générale et 14% en filière technologique, ndlr).
"La ministre sera intraitable"
Dans un communiqué de presse, le ministère de l'Éducation nationale a précisé les détails de l'enquête administrative. "La distribution des notes obtenues par ces élèves est examinée, jury par jury, sous l'angle statistique afin d'établir si la moyenne, la variance et la distribution de celles-ci sont anormalement différentes de celles des autres élèves ayant passé les épreuves dans les mêmes circonstances", indique le ministère.
Les "éléments des bordereaux de l'épreuve sont également analysés de façon systématique" détaille encore le ministère.
"Si les faits et l'antisémitisme étaient constatés, cela serait d'une extrême gravité et la ministre sera intraitable dans les actions qui alors s'imposeraient", insiste le communiqué.
Dans le même temps le ministère prévient: "si les faits et l'antisémitisme n'étaient pas constatés, il s'agirait alors d'une information infondée et intolérable à laquelle la ministre répondrait pour y mettre un terme et protéger l'ensemble des protagonistes".