Paris: un mobilier totalement relooké pour la cathédrale Notre-Dame
Notre-Dame de Paris, partiellement détruite par un incendie en 2019, doit rouvrir fin 2024 avec un tout nouveau mobilier liturgique en bronze brun foncé, sobre et massif, ainsi que 1500 chaises design ajourées en chêne massif.
Des réalisations françaises
L'archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, a retenu les projets de Guillaume Bardet, 51 ans, et Ionna Vautrin, 43 ans, deux artistes et designers français, choisis parmi une soixantaine de candidats, qui réaliseront ces meubles dans une fonderie de la Drôme et une menuiserie des Landes.
Guillaume Bardet, également céramiste, a choisi du bronze brun foncé pour le mobilier liturgique, un ensemble de cinq meubles et objets sacrés. Ionna Vautrin, qui a notamment réalisé des lampes dans les TGV, s'est orientée vers du chêne massif pour l'assise des chaises, aux lignes simples et avec un dossier à barreaux assez bas pour s'accouder et prier.
Notre-Dame, chef d'œuvre de l'art gothique admiré dans le monde entier, accueillait 12 millions de visiteurs en moyenne chaque année avant l'incendie du 15 avril 2019, 2500 offices et 150 concerts. En entrant dans les lieux "fin décembre 2024 si tout va bien", ils vont être "surpris" par une cathédrale "quasi-neuve", assure l'archevêque, enthousiaste.
Notre-Dame a déjà retrouvé "la blondeur de la pierre de ses murs et la fraîcheur des peintures de Viollet-Le-Duc (architecte rénovateur au 19e siècle, ndlr) dans les chapelles rayonnantes", après "des siècles de crasse" qui les avaient noircis autant que la fumée des bougies et de l'incendie, souligne-t-il.
Circulation simplifiée
Les visiteurs arpenteront aussi un parcours épuré avec une circulation simplifiée qui "épousera l'ensemble du mystère de la révélation chrétienne (...) mieux compréhensible pour permettre aux visiteurs d'approfondir le sens de cette histoire juive et chrétienne".
Concernant la signalétique, le diocèse a abandonné l'idée de projections pédagogiques sur les murs. Le travail se poursuit sur des inscriptions calligraphiques avec "une recherche sur le graphisme propre à Notre-Dame, à l'identité forte", selon Mgr Laurent Ulrich.
Une fois le réaménagement intérieur achevé, à peine entrés par le portail principal, les visiteurs découvriront un tout nouveau baptistère (où l'on donne le baptême) en cuivre et miroir poli, doté d'un couvercle doré imitant l'onde de l'eau et surmonté d'une croix dorée.
Au cœur de l'axe central de la nef, croyants et touristes verront aussi un nouvel autel géométrique épuré, "un bloc fort qui semble tiré de la terre pour le sacrifice de Jésus et qui est pacifié en se transformant en table pour célébrer la messe", selon l'archevêque.
Une unité dans le mobilier
À ses côtés, une cathèdre (ou chaise de l'évêque) et son siège associé, le tabernacle (petit meuble qui renferme le "pain consacré") en forme de chapelle stylisée et un épais ambon (ou pupitre sur lequel est posée et lue la bible).
Contrairement au précédent mobilier liturgique, disparate, les maquettes en 3D des futurs meubles témoignent d'une unité de formes, "pas minimalistes", dit Mgr Laurent Ulrich, mais qui dégagent "une présence formidable par la simplicité de leurs lignes".
Pour abriter la célèbre couronne d'épines du Christ ramenée par Saint-Louis, le diocèse a confié à un autre artiste, Sylvain Dubuisson, la conception d'un "mur-reliquaire" en bois ajouré. Au cœur de ce panneau décoratif, un cercle bleu, lui-même entouré d'une vaste rosace à fond d'or irradiant le motif de la croix.
Interrogé sur l'intervention d'autres artistes contemporains, l'archevêque n'a cité aucun autre nom et semble l'écarter, notamment à l'intérieur des chapelles qui entourent la nef de Notre-Dame, où un espace sera réservé à la "confession".