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"Place de marché", QR code, prix… On a visité le nouveau concept de magasin Monoprix

Le Monoprix du boulevard Saint-Michel, dans le 5ᵉ arrondissement de Paris, rouvre ce mercredi après trois mois de travaux. Il illustre la stratégie de la maison-mère, Casino, qui mise désormais tout sur la proximité.

"Offrir le meilleur de la proximité." C'est le mantra de la nouvelle équipe dirigeante de Casino. Le directeur général, Philippe Palazzi, l'a martelé ce mardi matin devant les actionnaires réunis en assemblée générale, à la Maison de la Mutualité, à Paris. Il veut ainsi que son groupe "retrouve sa place dans le commerce français", après le lourd épisode de restructuration.

Ce mantra, Guillaume Seneclauze, président de Monoprix l'a répété peu après l'AG, à quelques encablures de là, au cœur du Quartier latin, en dévoilant un magasin flambant neuf, qui rouvre ses portes à la clientèle ce mercredi matin. Nous avons fait la visite avec lui de ce magasin qui sert de modèle pour l'avenir de l'enseigne.

Le prix de la proximité

Ce Monoprix "nouvelle ère" est un magasin de taille moyenne, de 2.030 mètres carrés répartis sur trois niveaux. Le client entre sur ce que ses concepteurs appellent la "place de marché": on y trouve l'offre snacking (salades, plats préparés, sandwichs ou boissons…).

Monoprix souhaite augmenter son offre de snacking et la rendre immédiatement accessible à l'entrée des magasins de proximité.
Monoprix souhaite augmenter son offre de snacking et la rendre immédiatement accessible à l'entrée des magasins de proximité. © Eva Jacquot/BFM Business

Au rez-de-chaussée, aussi, les produits frais: fruits et légumes, rayon poissonnerie, fromagerie et une boucherie, qui n'existait pas avant les travaux. Sur l'étal du boucher, qui attend ses premiers clients, de la viande de qualité, issue de vaches limousines ou de porcs noirs…

"Il n'y avait plus de boucher à proximité, explique Guillaume Seneclauze. On a voulu proposer ce service avec des produits iconiques, de qualité, mais accessibles."

L'œil attentif peut repérer un QR code collé sur l'étal de la boucherie. S'il le scanne, le client peut entendre le producteur raconter l'origine de ses produits.

Monoprix initie un système de QR code permettant d'entendre des explications sur la provenance de la viande de la part d'un boucher fournisseur.
Monoprix initie un système de QR code permettant d'entendre des explications sur la provenance de la viande de la part d'un boucher fournisseur. © Eva Jacquot/BFM Business

Pour les fruits et légumes, le distributeur promet 15% d'offre bio et 70% d'offre locale en pleine saison. À quelques heures de l'ouverture du magasin, l'étiquette sous le brocoli affiche 3,49 euros, celle des carottes en vrac 2,49 euros et celle des oignons jaunes 2,99 euros. Si les produits vendus par Monoprix peuvent être plus chers qu'ailleurs, c'est le prix de la proximité, assurent ses dirigeants.

"On peut être un peu plus cher que Leclerc, mais le client n'a pas à prendre sa voiture", a répété Philippe Palazzi lors de l'assemblée générale.

Ce Monoprix du boulevard Saint Michel est situé dans un coin historique de la capitale, avec un pouvoir d'achat supérieur à la moyenne nationale. En termes de fréquentation, il accueille 53% de résidents du quartier, 31% de touristes et 16% d'étudiants, selon Sandra Hazelart, directrice des opérations de l'enseigne, qui a pensé le magasin pour qu'il s'adresse à toutes ces catégories de population.

Répondre "aux besoins et aux envies"

Au sous-sol, l'escalator amène à un espace de 230 mètres carrés d'espace hygiène et beauté. Tout au bout du magasin, un espace "fond de placard", qui, comme son nom l'indique, regroupe tous les produits de grande consommation (pâtes, sucre, gâteaux sucrés, gâteaux apéro, surgelés, produits ménagers et scolaires, etc.).

Dans les rayons pointent ci-et-là des produits de marque propre "Casino Délices". Les allées sont larges et, à la veille de l'ouverture, les rayons bien remplis. Un comptoir dans l'"espace services", où trône notamment un Photomaton, permet au client de déposer son caddie et de se faire livrer ses courses, en payant à réception à domicile.

Monoprix a repensé son offre de produits textiles et pour la maison.
Monoprix a repensé son offre de produits textiles et pour la maison. © Eva Jacquot/BFM Business

Tout en haut du magasin s'ouvre l'espace textile et maison, si particulier à Monoprix. Un effort a été fait sur l'offre et la mise en valeur des collections. L'objectif est de répondre "aux besoins et à l'envie", résume le président de l'enseigne Guillaume Seneclauze. Le but est aussi bien sûr de faire grossir le panier moyen des clients de ce magasin (18 euros aujourd'hui) et d'atteindre une croissance à deux chiffres.

Effectifs augmentés pour "remettre de l'humain"

Pour ce faire, l'état-major de Casino compte aussi "remettre de l'humain" dans ses points de vente.

"Une caisse, elle ne sourit pas", répète Sandra Hazelart, en écho aux propos tenus le matin même par son directeur général.

Et l'expérience a prouvé, explique la directrice des opérations, que le retour des caissières dans des points de vente a augmenté leur fréquentation. Plusieurs distributeurs s'accordent aussi à dire que la multiplication ces dernières années des caisses automatiques a provoqué des vols. Derrière leurs caisses de ce Monoprix Saint-Michel, justement, les salariées présentes en cette veille d'ouverture acquiescent en souriant aux propos de Sandra Hazelart.

Monoprix veut "remettre de l'humain" aux caisses en réduisant le nombre de caisses automatiques.
Monoprix veut "remettre de l'humain" aux caisses en réduisant le nombre de caisses automatiques. © Eva Jacquot/BFM Business

Concrètement, dans ce Monoprix, il y a désormais sept caisses "traditionnelles" et huit automatiques. Le nombre d'hôtesses de caisses passe de 14 à 22 équivalents temps plein, selon les dirigeants de l'enseigne. Sur tout le magasin, les effectifs passent de 48 avant les travaux à 70 pour l'ouverture de ce mercredi. Ils devraient redescendre à 60/65, en rythme de croisière, toujours selon la direction.

Aucune indication, pour le moment, sur le montant de l'investissement qu'il a fallu pour transformer complètement ce magasin en particulier. Ni sur combien il va falloir pour rénover les autres enseignes du groupe, qui pour certaines ont bien vieilli. Mais au sein de l'état-major du groupe Casino, face aux nombreux défis, on affiche une totale confiance, à l'image du directeur général Philippe Palazzi, qui a lancé aux actionnaires: "Nous allons redevenir des commerçants, comptez sur nous!".

Pauline Tattevin