Pourquoi Christian Estrosi a décidé de démissionner de la présidence de la métropole de Nice
Puis d'un coup, il s'est levé. "Mes chers collègues, une période s'achève." Devant le conseil métropolitain de la métropole Nice Côte d'Azur ce mercredi 10 juillet, son président depuis 2012, Christian Estrosi, a annoncé sa démission surprise.
Nouvelle surprise quelques minutes plus tard. Rapidement après la suspension de séance, l'entourage de l'élu a indiqué auprès de BFM Nice Côte d'Azur que l'édile de Nice est d’ores et déjà candidat à sa réélection.
"Ce modèle n'a pas survécu"
Lors de son discours de départ, Christian Estrosi est revenu sur les raisons de la mise en place de cette métropole, créée officiellement le 1er janvier 2012.
"Une métropole comme un espace rassembleur et consensuel", un lieu "où on ne pinaillait pas sur des étiquettes et des fidélités croisées" et "où l'on construisait ensemble le bien et l'avenir commun en matière économique, en matière d'infrastructures et de transition écologique", indique-t-il.
Mais après plus d'une décennie d'actions, "le modèle n'a pas survécu aux profondes fractures qui divisent notre pays", admet l'édile à la tribune.
Il cite notamment "des prises de position individuelles ou coordonnées depuis l'extérieur"qui ont mis à mal "l'état d'esprit".
"Clarifier les positions de chacun"
C'est aussi le paysage politique actuel et sa recomposition récente qui sont pointés du doigt par le maire de Nice. "Nous devons faire face à la recomposition politique et à la montée des extrêmes, de gauche comme de droite", appuie-t-il alors devant les conseiller métropolitains. Puis d'évoquer la campagne des élections législatives.
"Au cours de la campagne électorale qui vient de s'achever, certains d'entre vous ont tenu des déclarations très hostiles à l'égard de la métropole, de son action et de ses services", a regretté le président délégué de la région Sud.
Dans une publication sur le réseau social X, l'édile appuie ses propos. "Je ne peux présider un exécutif incluant des élus d'extrême droite ou gauche, ou leurs soutiens. La confusion qui règne dégrade l'image et l'action de notre métropole. Il est temps de clarifier les positions de chacun", tacle Christian Estrosi.
L'impact des législatives
Pendant la campagne express des législatives, certains élus métropolitains ont salué la réélection en tant que député d'Eric Ciotti, principal adversaire politique du maire de Nice et nouvel allié du Rassemblement national,
Le président des Républicains, contesté depuis son alliance, a remporté dimanche la 1re circonscription des Alpes-Maritimes avec 45,14% des suffrages face notamment au second à tour à un proche de Christian Estrosi Graig Monetti. L'adjoint au maire de Nice est arrivé en 3e place avec 22,73% des voix.
D'autres élus métropolitains ont aussi pris parti pour Christelle D'Intorni et Bernard Chaix, tous deux élus à l'Assemblée nationale dans le département sous les couleurs LR-RN portées par Eric Ciotti.
C'est le cas notamment du maire du Cap d'Ail et vice-président aux transports scolaires et aux affaires juridiques de la métropole Xavier Beck. Sur X, l'élu a félicité les trois députés cités ci-dessus. "On compte sur vous", a-t-il écrit.
Christian Estrosi lui, regrette que certains "maires ont refusé de clarifier leur position vis-à-vis de la métropole". En raison, l'élu précise qu'il "nous revient de le faire pour eux". "On ne peut pas critiquer la métropole tout en bénéficiant de ses ressources. Il est temps que chacun assume ses choix", a-t-il ajouté.
Des élections "dans les quinze prochains jours"
Pour le moment, cette décision de démissionner a été transmise au préfet des Alpes-Maritimes par Christian Estrosi. Dès qu'elle sera acceptée par ce dernier, elle prendra immédiatement effet.
Après cette démission surprise, l'ensemble des conseillers métropolitains devront choisir le futur président de la métropole. "Elles auront lieu dans les quinze prochains jours", précise Louis Nègre, maire de Cagnes-sur-Mer, au micro de BFM Nice Côte d'Azur. D'ici là, ce dernier, auparavant 1er vice-président, prendra la présidence par intérim. Selon lui, cette décision est "cohérente".
"Je pense que ce qu'il souhaite, ça se comprend très bien. Sur le plan politique, si vous avez une majorité et qu'elle éclate et qu'elle n'est pas soudée, vous ne pouvez pas travailler", a-t-il expliqué.
En évoquant par la suite les critiques et les "tiraillements internes". "Il a expliqué qu'on ne savait plus très bien qui était où et comment. D'où une clarification nécessaire pour pouvoir gérer un exécutif", admet Louis Nègre.
Une décision critiquée
De leurs côtés, certains élus métropolitains ont évoqué cette décision. Auprès de l'AFP, Jean-Christophe Picard, élu écologiste d'opposition, évoque un renouvellement des vice-présidents et de la présidence des commissions "avec une idée: éradiquer les ciottistes."
Certains élus en profitent même pour réclamer de nouvelles élections municipales. Comme Bertrand Gasiglia, maire de Tourrette-Levens.
"Notre légitimité de conseiller métropolitain nous la tenons de nos citoyens et de nos citoyens seuls. J’invite Christian Estrosi à solliciter, aussi, le renouvellement de la confiance des Niçois", a-t-il écrit sur X.
Même constat pour Éric Ciotti qui estime auprès de Nice-Matin que le "vrai courage aurait été de démissionner de son siège de maire de Nice".