Pourquoi la Banque de France prévoit une baisse de moitié de l’inflation dès cette année
Le gouverneur de la Banque de France a estimé ce jeudi que la hausse des prix allait perdre en intensité dans les prochains mois. Selon François Villeroy de Galhau, l’inflation pourrait ainsi être réduite de moitié d’ici la fin de l’année avant de revenir autour des 2% à l’hiver 2024/25.
Un pari osé? Pas vraiment. Aujourd’hui ce qui tire l’inflation vers le haut, ce sont les prix des produits alimentaires. Or ces prix à terme vont baisser. Un scénario sur lequel le gouverneur de la Banque de France est loin d’être le seul à tabler.
Les industriels devront baisser leurs tarifs en juin
Sur BFMTV, Thierry Cotillard, le président du groupement Les Mousquetaires, la maison mère d’Intermarché, partage le même optimisme. La baisse actuelle des coûts de production doit se répercuter sur les prix des produits en rayon. Thierry Cotillard est bien placé pour le savoir puisque ce groupement fabrique dans ses propres usines une partie des produits vendus dans ses supermarchés.
Ce distributeur, comme ses confrères, veut donc mettre rapidement la pression sur les industriels. Les mêmes qui, avant le printemps, ont obtenu une hausse moyenne de 10% sur les produits de marques nationales vont devoir réajuster leurs tarifs à la baisse à partir de juin. Avec un argument qui s’entend: "Lorsque les prix étaient à la hausse, on a vu trois fois les industriels pour faire des hausses successives. Là, la démarche est réciproque: si ça baisse on se revoit". Rendez-vous est d’ailleurs d’ores et déjà pris en juin.
Le prix des engrais a chuté de 50 à 60% par rapport au pic de 2022
Car tout ce qui avait justifié les hausses de prix des produits alimentaires, l’envolée des cours des matières premières provoquées par la guerre en Ukraine, tout cela n’est plus d’actualité, On peut prendre l’exemple du blé. Avant la guerre en Ukraine, la tonne se vendait 250 euros. Au plus haut de l’année 2022, elle avait pris près de 200 euros. Et en ce moment on est quasiment revenu au niveau d’avant-guerre.
Ce qui est vrai pour le blé, l’est aussi pour le maïs. Par ailleurs, les agriculteurs eux-mêmes entament une nouvelle saison avec des coûts de production qui n’ont plus rien à voir avec ceux de l’an passé. Le pétrole est revenu en dessous de son niveau d’avant la guerre. Et c’est aussi vrai pour les engrais dont les cours ont chuté de 50 à 60% par rapport au pic de 2022.
Les prix de gros du gaz et de l'électricité ont retrouvé les niveaux d'avant-guerre
Ce qui vrai pour la production agricole, l’est aussi pour les coûts de fabrication des produits alimentaires. Leurs factures d’électricité de gaz vont baisser. Quand on regarde les prix de gros, l’évolution au jour le jour, on constate, là encore, un retour aux cours d’avant-guerre.
Pour les emballages, la situation est plus disparate. Du côté du papier et du carton recyclés, les prix baissent. On attend également une décrue pour ce qui est du PET, le plastique utilisé notamment pour les bouteilles d’eau. Le verre pourrait subir de nouvelles hausses. Quant aux palettes de bois, tout laisse à penser que leur prix va se stabiliser. Donc globalement, l’envolée du prix des emballages appartient au passé.
Des baisses de coûts qui vont finir par se retrouver dans les étiquettes des rayons
Certes, ces diverses baisses des coûts de production vont mettre un peu de temps pour se répercuter sur les prix des produits dans les rayons. Et pour cause, certains producteurs ont pu commander, acheter et stocker leurs emballages quand leur prix était au plus haut, d’autres ont renouvelé leurs contrats d’énergie à un mauvais moment. Et peinent parfois à les renégocier. Impossible de profiter immédiatement des baisses de cours.
Il n'empêche, progressivement, d’un bout à l’autre de chaque filière, tous les acteurs vont retrouver des marges de manoeuvres pour faire baisser leurs prix. Voilà pourquoi François Villeroy de Galhau a raison de prévoir une baisse de l’inflation sur la deuxième moitié de l’année.