Pourquoi Stellantis est en plein bras de fer avec Giorgia Meloni en Italie
Mercredi dernier, devant le Parlement italien, Giorgia Meloni n’y est pas allée par quatre chemins. "La fusion entre PSA et FCA a caché une prise de contrôle française du groupe historique italien Fiat" a-t-elle déploré. "Ce n’est pas un hasard si les choix industriels de Stellantis prennent davantage en compte les exigences françaises" a ajouté la présidente du conseil.
Dans l’entourage de Stellantis, on ne veut surtout pas rentrer dans la polémique. "Giorgia Meloni fait de la politique, rien que de la politique" glisse-t-on. On assure qu’il n’y pas eu d’échange téléphonique entre la présidente du conseil et Carlos Tavares, ni d’ailleurs avec John Elkann, le président italien du groupe. "Aucune rencontre n’est prévue" ajoute Stellantis qui tient à rappeler le contexte.
Un bonus électrique attendu
Depuis octobre, le gouvernement italien négocie avec l’entreprise, unique constructeur automobile du pays, pour tenter de dynamiser une production languissante. Objectif: fabriquer en Italie un million de voitures, contre un peu plus de 700.000 aujourd’hui. Mais les pourparlers ne semblent pas beaucoup avancer. En cause notamment: l’absence de subventions pour les véhicules électriques. "Cela fait neuf mois qu’on nous parle de bonus mais on n’a toujours rien vu!" soupire-t-on dans l’entourage de Stellantis.
L’avenir de la Fiat 500 électrique, produite sur le site de Mirafiori, en dépend. "On ajustera les volumes en fonction de l’existence ou non de subventions" explique-t-on. "Entre la France et l’Italie, les relations sont souvent compliquées, il y a de la jalousie, mais nous ne faisons pas de favoritisme!" assure Stellantis. Le constructeur rappelle que sa production est aujourd’hui quasiment équivalente dans les deux pays. Il distribue tout de même un bon point au gouvernement français dont il loue l’opération de leasing social.
Un second constructeur en Italie ?
Sans doute pour faire réagir Stellantis, Giorgia Meloni a menacé mercredi de faire rentrer sur le territoire un second constructeur, probablement chinois. Le groupe dirigé par Carlos Tavares craint-il cette concurrence? "Dans quelles conditions arriverait cet acteur, aura-t-il des fournisseurs italiens ou chinois?", ironise-t-on.
Dernier reproche de Giorgia Meloni: la présence d’un "représentant du gouvernement français au conseil d’administration de Stellantis", à savoir Nicolas Dufourcq, le directeur général de BPIFrance, qui possède 6,2% du capital du constructeur. Cette situation explique le déséquilibre entre la France et l’Italie dans le cœur du groupe selon la présidente du conseil, qui souhaiterait y remédier.
Cet été, John Elkann a déjà fait savoir qu’une entrée de Rome au capital de l’entreprise n’était pas à l’ordre du jour. Aujourd’hui encore, Stellantis dit "ne pas y voir d’intérêt".