Présidence du Medef: qui sont les 1123 électeurs et qui soutiennent-ils?
Dernière ligne droite pour l'élection à la présidence du Medef. Le 6 juillet, Geoffroy Roux de Bézieux laissera son siège de "patron des patrons" à Dominique Carlac'h ou Patrick Martin. Dans ces dernières semaines, et avant le grand débat organisé sur l'antenne de BFM Business le 26 juin, les deux candidats tentent de rallier un maximum de soutien à leurs candidatures respectives.
L'élection du Medef se fait par le biais de "grands électeurs". Au total, 1123 votants se prononceront le 6 juillet. Parmi eux, 673 sont issus des fédérations professionnelles et 449 des Medefs territoriaux. Le nombre d'électeurs dans chaque fédération et dans chaque organisation territoriale dépend de leur nombre d'adhérents et donc du montant de leur cotisation. Des chiffres secrètement gardés par les uns et les autres, mais que BFM Business s'est procuré.
L'assurance a le plus d'électeurs mais le bâtiment pèse plus
Si l'on s'en tient aux seules fédérations, c'est l'assurance qui a le plus de poids, avec 64 électeurs, suivis par la banque et ses 56 électeurs. L'UIMM, elle, n'arrive qu'en troisième position (56) devant le bâtiment (41).
La métallurgie et bâtiment sont en revanche très représentés dans les Medefs territoriaux, ce qui gonfle leur poids dans l'élection. Si l'on cumule tous leurs électeurs, le bâtiment représente par exemple à lui seul près de 10% des électeurs.
Des poids lourds derrière Patrick Martin
Depuis près de deux mois, Patrick Martin accumule les soutiens et creuse de plus en plus l'écart avec sa rivale. 3 des 7 plus grosses fédérations, qui représentent à elles seules 121 voix, se sont ralliées à sa candidature: la métallurgie, le bâtiment ou encore les travaux publics.
L'actuel numéro 2 de l'organisation patronale est aussi très soutenu dans les territoires. Dernier en date, le Medef Paris, le plus gros avec 25 électeurs lui a affiché son soutien la semaine dernière. Patrick Martin peut aussi compter sur Lyon, Marseille, la Bretagne, la Corse ou encore les 9 Medef d'Outre-Mer. "On tient l'axe Paris Lyon Marseille", se félicite-t-on dans son entourage.
Des soutiens personnels pour Dominique Carlac’h
Dominique Carlac'h, elle, a reçu les soutiens de plusieurs grands patrons: Christelle Heydemann chez Orange ou encore Jean-Dominique Seynard, le président de Renault. Ils s'expriment toutefois à titre personnel. Derrière, cela ne garantit pas que les électeurs de ces fédérations voteront pour elle.
Celle qui est aujourd'hui considérée comme l'outsider de cette élection, avec son programme plus axé sur la modernité et les évolutions du monde du travail, a tout de même reçu le soutien du président de la Fédération de l'hospitalisation privée.
Banque, assurance… Des votes en suspens
Pour autant, rien n'est définitivement acté. Plusieurs grosses fédérations n'ont pas encore arrêté leur choix. Celle du commerce et de la distribution auditionnera les candidats dans les deux semaines à venir.
Surtout, toutes les incertitudes reposent sur trois autres grosses fédérations, l'assurance, la banque et le Syntec (numérique, ingénierie et conseil), où le sujet fait encore débat. Et elles pourraient peut-être pencher en faveur de Dominique Carlac'h.
"On aime bien son dynamisme mais on connaît le sérieux du travail de Patrick Martin", nous explique une source haut placée à la Fédération bancaire française.
Les voix pourraient du coup être dispersées entre les deux candidats. Dans l'entourage de Dominique Carlac'h, on se raccroche à cet espoir: "Les votants ne suivent pas forcément en bloc les consignes de leur fédération".
C'est vrai que, contrairement aux banques, où une seule personne vote par procuration, à l'UIMM ou à la fédération du bâtiment, chaque électeur vote individuellement. Reste que dans ces deux fédérations, on nous explique que "lorsqu'une position est arrêtée, elle est respectée. Il n'y a jamais de grosse surprise".
Vers un ticket entre les deux candidats ?
Si Patrick Martin fait donc figure de grand favori, Dominique Carlac’h ne laisse pas indifférent lors de ses auditions.
"Elle est plus moderne, plus innovante. Ce sont deux styles différents mais très complémentaires", résume un électeur, pourtant pro-Patrick Martin.
Certains commencent du coup à pousser l’idée d’une alliance entre les deux candidats. Une éventualité que connaît bien Patrick Martin. En lice pour la présidence du Medef en 2018, il s'était finalement désisté pour Geoffroy Roux de Bézieux, qui en a du coup fait son numéro 2.