Procès des attentats du 13-Novembre: Abdeslam et les autres accusés vont évoquer leur parcours
C'est une nouvelle phase du procès. Après avoir côtoyé l'horreur avec les récits des rescapés et des proches des victimes, la cour d'assises spéciale de Paris interroge à partir de mardi les complices présumés des attentats du 13 novembre 2015, en commençant par Salah Abdeslam.
Nouvelle phase de ce procès hors normes, les quatorze accusés présents à l'audience - six autres, dont cinq sont présumés morts, sont jugés par défaut - seront interrogés sur leur personnalité, leur parcours scolaire et professionnel ou leur passé judiciaire.
"C'est une étape incontournable et essentielle du procès", remarque Adrien Sorrentino, l'un des avocats de la défense.
Pas de question sur les attentats
Seules quatre journées sont consacrées à cet examen. "À première vue, cela nous paraît court", ont estimé les avocats de Salah Abdeslam, Mes Olivia Ronen et Martin Vettes. "On peut également s'interroger sur la décision d'exclure l'aspect religieux de cet interrogatoire de curriculum vitae, alors même qu'elle fait partie intégrante de (sa) personnalité", ont-ils ajouté.
Seul membre encore en vie des commandos du groupe État islamique (EI) qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis, leur client ne sera pas non plus questionné à ce stade sur les crimes qui lui sont reprochés.
La cour d'assises spéciale n'abordera son rôle dans les attentats jihadistes les plus meurtriers jamais commis sur le sol français qu'à partir du mois de janvier.
Salah Abdeslam a déjà rompu son silence
Dès l'ouverture des débats le 8 septembre dernier, le Franco-Marocain, aujourd'hui âgé de 32 ans, a rompu spectaculairement avec le silence quasi-total qu'il observait depuis son arrestation à Bruxelles en avril 2016, après quatre mois de cavale.
Le premier jour, Salah Abdeslam, à l'isolement total depuis cinq ans et demi, s'était présenté comme un "combattant de l'État islamique" puis avait pris la parole pour dénoncer ses conditions de détention. Le 15 septembre, invité par le président de la cour Jean-Louis Périès à faire une déclaration "succincte", il avait glacé la salle d'audience.
"Il n'y avait rien de personnel"
"On a visé la France, des civils, mais il n'y avait rien de personnel", avait-il déclaré. "François Hollande savait les risques qu'il prenait en attaquant l'État islamique en Syrie".
"On a vécu ça, on a été visé, on a été personnellement touchés et là d'un coup, on nous dit ouvertement c'est pas de votre faute, vous étiez là mais bon, c'est pas de chance quoi. C'est d'une indignité absolue en fait", réagissait David Fritz-Goeppinger, rescapé de l'attentat au Bataclan sur notre antenne.
Après Salah Abdeslam, la cour examinera ce mardi la personnalité de son ami d'enfance Mohamed Abrini, "l'homme au chapeau" des attentats de Bruxelles en mars 2016.
Depuis le début du procès, on ne l'a entendu qu'une seule fois parler spontanément, quand il s'est plaint des "contraintes" de sécurité imposées selon lui par les gendarmes. "J'ai envie de parler avec mon pote" Salah Abdeslam, avait-il alors éructé.