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Dossier

Projet de "méga-bassines" à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres

Seize retenues d'eau - surnommées "bassines" par leurs adversaires - d'une capacité de plusieurs centaines de milliers de mètres cubes doivent être construites dans les Deux-Sèvres, dont une fonctionne déjà à Mauzé-sur-le-Mignon et une autre est en chantier à Sainte-Soline.

Élaboré par un groupement de 400 agriculteurs avec le soutien de l'Etat, ce projet vise à rendre disponible de l'eau pour l'irrigation durant l'été, grâce au pompage des nappes phréatiques superficielles en hiver, en échange d'engagements écologiques. D'après ses défenseurs, ce système permettrait, en été, de "baisser de 70%" les prélèvements dans le milieu environnant.

Ses détracteurs dénoncent un "accaparement de l'eau" destiné à l'"agro-industrie". Ils y voient "une fuite en avant" du modèle agricole productiviste, privilégiant les gros céréaliers et l'exportation de maïs, qui demande beaucoup d'eau l'été.

Une manifestation interdite contre ce projet a donné lieu à de violents affrontements le 25 mars 2023 à Sainte-Soline, où des milliers de personnes ont convergé, dont de nombreux militants radicaux, éclipsant ce débat sur le partage de l'eau.
Le rassemblement sur le site d'une des 16 réserves d'eau prévues localement a attiré 30.000 personnes selon les organisateurs, 6.000 selon les autorités.

Les organisateurs évoquent jusqu'à 200 manifestants blessés, dont au moins 40 grièvement, et le parquet fait état de 47 gendarmes blessés et de sept manifestants secourus, auxquels s'ajoutent des personnes qui se sont "présentées spontanément dans des centres hospitaliers d'autres départements" les jours suivants, sans décompte précis à ce stade.

Une polémique fait rage depuis sur un retard de prise en charge des blessés. Des manifestants et des élus présents accusent les forces de l'ordre d'avoir un temps empêché les secours d'approcher du site. "Non, les forces de l'ordre n'ont pas empêché les secours d'intervenir, ce sont les gendarmes et les secours qui ont été empêchés d'intervenir par certains casseurs", a réagi de son côté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

D'autres projets existent en dehors des Deux-Sèvres. En Charente-Maritime, le Conseil d'Etat a confirmé récemment l'interdiction de remplir cinq 'bassines', construites en 2010 après autorisation préfectorale, en raison de "l'insuffisance" des études d'impact. La Cour administrative d'appel de Bordeaux a également invalidé six autres projets aux volumes jugés excessifs.

En Vendée, la construction de 25 retenues depuis 2006 "a permis de faire remonter significativement le niveau de la nappe" mais sans empêcher le dépassement fréquent des seuils d'alerte, notait en 2021 l'Agence de l'eau Loire-Bretagne.

Dans la Vienne, un protocole validé à l'automne pour creuser 30 réserves en échange d'un tournant agroécologique reste suspendu à une étude d'impact sur le milieu et le préfet a déjà prévenu qu'il n'y aurait pas assez d'eau pour autant d'ouvrages.

Les opposants, emmenés par le collectif "Bassines non merci", craignent "un 'bassinage' général du pays" si ces projets aboutissent.

Après les violents heurts qui ont éclaté lors de la mobilisation contre la construction de bassines à Sainte-Soline, magistrats et avocats pointent du doigt les dérives du maintien de l'ordre contre les manifestants.

Gérald Darmanin à l'Assemblée nationale.

"Député, ce n'est pas une immunité vivante": Darmanin et Bernalicis s'opposent après les affrontements de Sainte-Soline

Des heurts ont opposé forces de l'ordre et manifestants ce week-end lors d'un rassemblement très tendu à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. Une députée écologiste a même assuré avoir été frappée par les forces de l'ordre en marge de cette mobilisation protestant contre la construction d'une bassine. Interpellé à ce propos par un membre de la Nupes, l'insoumis Ugo Bernalicis, le ministre de l'Intérieur a fustigé le comportement de la parlementaire.