"Purge", "manœuvre politicienne"... La démission de Christian Estrosi de la métropole de Nice étrillée par les oppositions
Annoncée ce mercredi 9 juillet de manière inattendue, la démission de Christian Estrosi de son poste de président de la métropole Nice Côte d'Azur, n'en finit pas de créer des remous.
Tandis que l'édile a remis en jeu son siège de président à l'issue d'un conseil métropolitain dans une idée de "clarifier les choses" à la métropole, les opposants au maire de Nice ne manquent pas de fustiger le coup de poker tenté par Christian Estrosi.
Chez nos confrères de Nice-Matin tout d'abord, c'est le président décrié du parti Les Républicains, Eric Ciotti, qui déplore une "énième manœuvre politicienne pour sanctionner les élus et les maires qui ne suivent pas aveuglément les dérives et les outrances d’un pouvoir personnel".
Ciotti "prêt" à faire face à Estrosi
"Sa démission aurait pu être l’expression d’un instant de lucidité, compte tenu de son bilan catastrophique à la tête de la métropole (...). Il a mis à genoux la métropole avec l’incapacité d’assurer les travaux de reconstruction dans nos vallées meurtries par les tempêtes Alex puis Aline. Il l’a surtout mise à genoux financièrement", analyse tout d'abord le leader du nouveau groupe parlementaire "À droite".
Se disant "prêt" à candidater pour la présidence de la métropole, Éric Ciotti estime toutefois que Christian Estrosi va être réélu, et qu'il "accompagnera (ensuite) son élection d’une épuration politique de tous ceux qui ne l’ont pas suivi et qui lui ont infligé une déroute électorale aux élections législatives".
"Il est très grave de transformer une instance de coopération intercommunale qui doit d’abord servir l’intérêt général au travers de projets techniques, en une officine politique qui sanctionne ceux qui ne pensent pas comme le leader Maximo", ajoute encore le député, assurant que "le vrai courage aurait été de démissionner de son siège de maire de Nice".
L'offensive ciottiste est partagée par la députée, aussi réélue sous les couleurs LR-RN, Christelle D'Intorni, qui a souligné "une blessure d’orgueil d’un élu qui visiblement est prêt à tout pour faire oublier le résultat des urnes du 30 juin".
"Au lieu de faire preuve d'humilité, il nous joue une pièce de théâtre pour déplacer les débats et essayer de se légitimer. Il veut sa petite dissolution locale pour essayer d’exister médiatiquement et quémander un poste de ministre du cirque dans un gouvernement d’extrême gauche!", tacle la parlementaire.
Tout comme Éric Ciotti, Christelle D'Intorni estime aussi que Christian Estrosi devrait démissionner de son mandat de maire de Nice. Même constat pour Bertrand Gasiglia, maire de Tourrette-Levens et président de la Commission transports et mobilités à la métropole.
"Notre légitimité de conseiller métropolitain, nous la tenons de nos citoyens et de nos citoyens seuls. J'invite Christian Estrosi à solliciter, aussi, le renouvellement de la confiance des Niçois", a-t-il indiqué sur le réseau social X.
"Une purge"
De son côté, Bernard Chaix, vice-président du conseil départemental et nouveau député, compare le geste de Christian Estrosi à des "méthodes staliniennes" pour "allumer un contre-feu médiatique pour mieux camoufler son échec aux législatives".
L'opposition de gauche n'est pas non plus très tendre avec la décision du maire de Nice. Aux yeux de l'élu écologiste d'opposition maralpin Jean-Christophe Picard, "il s'agit de renouveler les vice-présidences et les présidences de commission avec une idée, éradiquer les Ciottistes, c'est une purge".
"Il a imité Emmanuel Macron sauf que là il ne joue pas avec la démocratie, il joue avec ses responsabilités. C'est tout à fait digne de sa part que de remettre à plat ses vice-présidents et éventuellement même sa présidence. Depuis quelques années, on a ressenti l'influence d'Éric Ciotti sur certains élus de la métropole et l'impact que ça avait sur des commentaires tenus en conseil métropolitain", nuance toutefois la consœur de Jean-Christophe Picard (EELV), Juliette Chesnel Le Roux.
Philippe Vardon, conseiller municipal et métropolitain proche, entre autres, de Marion Maréchal, se veut également moins vindicatif auprès de BFM Nice Côte d'Azur.
"On vit d'ailleurs un moment de confusion au niveau national. Peut-être que si l'on peut amener un peu de clarté ici, dans le débat local et métropolitain qui rebondit bien sûr sur le débat municipal niçois, je pense que tout cela permet de ramener un peu de clarté dans la politique ce qui est toujours bien", estime Philippe Vardon.
Des maires maralpins au soutien d'Eric Ciotti
La démission de Christian Estrosi peut être perçue comme un épisode de plus dans la guerre opposant le maire de Nice à Eric Ciotti. Certains élus métropolitains se sont affichés pendant la campagne des législatives comme des soutiens d'Éric Ciotti ou ont salué sa réélection comme député niçois à la faveur d'une alliance avec l'extrême droite très contestée chez les LR.
Certains ont pris parti pour Christelle D'Intorni et Bernard Chaix, tous deux élus à l'Assemblée nationale dans les Alpes-Maritimes sous les couleurs LR-RN.
Par exemple, Xavier Beck, le maire du Cap d'Ail qui fait partie de l'exécutif métropolitain en tant que vice-président aux transports scolaires ou aux affaires juridiques a posté sur X un message de félicitations à l'attention de ces trois députés ajoutant: "on compte sur vous".