Que contient le programme économique de Christiane Taubira?
Revalorisation du SMIC à 1400 euros net, impôt sur les grandes fortunes ou encore encadrement des loyers: Christiane Taubira, candidate à l'élection présidentielle investie par la Primaire populaire, avance ses propositions économiques.
Salaires/pouvoir d'achat
Christiane Taubira souhaite une revalorisation "immédiate" du SMIC à 1400 euros net. Par ailleurs, dès son arrivée à l'Elysée, une "conférence sur les bas salaires" serait organisée "sous son autorité". Les entreprises qui refuseraient d'augmenter les salaires "ne toucheront plus d’aides publiques et ne bénéficieront plus d’exonération de cotisations sociales", précise son programme.
Concernant les jeunes, la candidate souhaite verser un revenu de 800 euros par mois pendant cinq ans aux étudiants, quels que soient les revenus des parents, pour qu'ils puissent suivre leurs études sans avoir besoin de travailler pour les financer. Elle compte également étendre le RSA aux jeunes sans ressources dès l’âge de 18 ans.
Par ailleurs, Christiane Taubira veut instaurer un chèque alimentaire de 150 euros mensuels, destiné "aux familles les plus modestes" sous condition de ressources, et abaisser la TVA à 0% pour les produits issus de l'agriculture biologique afin de "faciliter l'accès" à une "alimentation saine et de qualité".
Emploi
Pour lutter contre "l'ubérisation" de certains métiers et l'usage "abusif" du statut d'indépendant, Christiane Taubira réclame qu'un "même travail" donne accès aux "mêmes droits" (congé maternité, retraite, indemnités journalières), quel que soit le statut du travailleur: les plateformes ne seront plus des "zones de non-droit", promet-elle.
Fiscalité
Assurant que la France est "devenue un paradis fiscal pour ultra-riches", Christiane Taubira veut taxer les grandes fortunes grâce à un "impôt sur l'extrême richesse": les patrimoines supérieurs à 10 millions d’euros seraient imposés à hauteur de 1%, puis de 2% à partir de 100 millions d'euros et de 3% au-delà d'un milliard d'euros. "Cet impôt permettra de dégager plus de 20 milliards de recettes nouvelles", avance le programme de la candidate.
Elle souhaite également instaurer une taxe de 0,1% sur les spéculations au niveau européen, qui permettrait de "rapporter 50 milliards d'euros à l'UE et 10 milliards d'euros à la France".
Droits de succession
Christiane Taubira souhaite que l'on puisse léguer jusqu'à 200.000 euros sans payer d'impôt, contre 100.000 euros aujourd'hui, "peu importe la provenance" directe ou indirecte de l'héritage. Elle veut également supprimer les niches fiscales qui permettent d'échapper en partie à ces droits de succession, car elles "bénéficient avant tout aux riches", pour dégager "10 milliards d'euros" de recettes publiques supplémentaires.
Logement
Christiane Taubira veut mettre en place une "garantie universelle des loyers" qui permettrait à l'Etat "de se substituer aux locataires en difficulté" en cas d'impayés. Cette mesure serait financée par une "contribution de solidarité urbaine" prélevée sur les ventes de biens supérieures à 15.000 euros du mètre carré. Elle veut également généraliser l'encadrement des loyers et augmenter les aides au logement (APL) pour les logements sociaux aux loyers les plus bas (PLAI).
Par ailleurs, la candidature veut que l'Etat finance 80% du montant des travaux de rénovation thermique des logements pour les foyers modestes dans le cadre du dispositif "Ma Prime Renov' sérénité", contre 35% aujourd'hui. Des prêts à taux zéro pour la "rénovation globale des passoires thermiques" complèteraient ce dispositif, qui coûterait 16 milliards d'euros par an.
Retraite
Sur le sujet des retraites, Christiane Taubira s'est peu exprimé pour le moment. "La retraite n’est pas une question comptable. C’est une question de justice. Nous devrons réformer pour les carrières longues, pour les métiers pénibles, pour les plus vulnérables de notre pays", avait-elle néanmoins déclaré dans un tweet.
Entreprises/compétitivité
La candidate veut accélérer la "transition écologique des entreprises" en concentrant les aides publiques et européennes sur la décarbonation, les nouvelles mobilités ou la sobriété énergétique du numérique et en conditionnant "certaines aides publiques" aux "efforts environnementaux" des entreprises. Pour lutter contre les "émissions importées" et "recréer de l'emploi", elle appelle aussi à un "plan de relocalisation" pour les industries textiles, automobiles et médicamenteuses.
Par ailleurs, en cas de victoire de Christiane Taubira, une taxe de 4% sur les dividendes versés par les entreprises aux actionnaires serait instaurée à partir de 10 millions d'euros.
Pour aider les jeunes à créer une activité, elle propose d'accorder un "capital de projet" jusqu'à 20.000 euros maximum. Une "Agence des Jeunesses de France", rattachée au ministère de l’Enseignement supérieur, serait chargée d'étudier ces projets.
Transports
Christiane Taubira veut interdire la vente de véhicules thermiques à l'horizon 2030 et, pour les foyers modestes, doubler le bonus écologique versé lors de l'achat d'un véhicule peu émetteur de CO2. Elle souhaite aussi augmenter la taxe d'assurance pour les véhicules polluants et augmenter les tarifs autoroutiers pour les véhicules les plus polluants, comme les SUV non électriques.
Un "fonds vélo" de 500 millions d'euros par an serait créé pour "soutenir les investissements des collectivités dans les nouvelles mobilités urbaines". Par ailleurs, la candidate souhaite remettre en circulation les "petites lignes" de train.
Agriculture
Outre la TVA à 0% sur les produits bio, Christiane Taubira veut mettre en place un dispositif pour "alléger" les dettes des agriculteurs bio et instaurer une taxe sur les engrais azotés. Elle prévoit aussi d'interdire l'élevage en cage et de "sortir de l'élevage industriel".
Énergie
Christiane Taubira a déclaré qu'elle n'était personnellement "pas favorable" au nucléaire en raison des déchets radioactifs, mais a promis un référendum qui demanderait aux Français s'ils veulent sortir de l'énergie atomique.
D'autre part, pour "améliorer les conditions de vie des personnes", la candidate propose "un niveau" en dessous duquel "les consommations d'eau, de gaz et d'électricité seront gratuites". Au-delà, il y aurait "une taxation progressive pour limiter et contraindre la consommation".