Que contient le programme économique de Valérie Pécresse?
"Choc de pouvoir d'achat", retour au "travailler plus pour gagner plus" et relèvement de l'âge de départ à la retraite. À quelques semaines de l'élection présidentielle, Valérie Pécresse a déjà tracé les grandes lignes de son programme économique.
Salaires/pouvoir d'achat
> Hausse de 10% des salaires
En cas de victoire à l'élection présidentielle, Valérie Pécresse promet un "choc de pouvoir d'achat" en augmentant de 10% le salaire net sur cinq ans pour tous ceux qui gagnent moins de 2800 euros par mois. Selon la candidate soutenue par LR, une baisse des cotisations vieillesse permettrait d'augmenter les salaires de 3% dès juillet 2022, puis une "politique de baisse de charges et d’allègement des normes" prendra le relais pour "mobiliser" les entreprises et atteindre l'objectif de 10% à l'horizon 2027.
> Défiscalisation des heures supplémentaires
Valérie Pécresse reprend à son compte le célèbre slogan de Nicolas Sarkozy, "travailler plus pour gagner plus". La candidate de la droite veut complètement défiscaliser les heures supplémentaires, sans restriction, ni plafond. Elle souhaite également permettre aux salariés de convertir davantage de journées RTT en salaire, "sans limite" mais aussi exonérés de charges patronales pour inciter les entreprises à les racheter.
L'actuelle présidente de la région Île-de-France veut également "développer l’intéressement et la participation notamment dans les entreprises de moins de 50 salariés" et maintenir le versement des primes défiscalisées.
> Un revenu jeune de 670 euros
Valérie Pécresse entend supprimer le "Contrat d'engagement jeune", qui entrera en vigueur le 1er mars prochain. Elue présidente, elle remplacerait cette mesure qualifiée de "RSA jeunes" déguisé par un "revenu jeune actif" de 670 euros destiné aux moins de 25 ans qui se formeraient, à temps plein, dans les métiers en tension.
Elle veut également mettre en place une "Banque nationale des jeunes" pour aider au financement des projets et des études en garantissant un prêt "qui ne sera remboursé que lorsque le projet personnel aura abouti et que le bénéficiaire en tirera des revenus suffisants", peut-on lire dans son programme.
> Prime à la natalité
Valérie Pécresse veut instaurer une "prime à la natalité" de 900 euros par mois pour les parents qui auront leur premier enfant. Son versement s'interromprait à la majorité de ce dernier. Par ailleurs, elle souhaite "rétablir l'universalité" des allocations familiales, pour toutes les familles sans condition de revenus, mettant ainsi fin à la modulation instaurée par le gouvernement Valls en 2015. Ces allocations familiales seront aussi rehaussées de 15% pour le deuxième ainsi que pour le troisième enfant.
Pour "soutenir les familles monoparentales", la candidate compte également défiscaliser les pensions alimentaires du parent seul.
Emploi
> Développer l'apprentissage
Valérie Pécresse veut pousser le développement de l'apprentissage en exonérant de toutes charges patronales les entreprises de moins de 10 salariés qui prendraient en charge la formation d'un apprenti. Par ailleurs, pour "mieux préparer au monde du travail" et "rapprocher les lycées professionnels des entreprises", la candidate veut confier ces établissements aux Régions et y vise l'objectif de 100% d'alternance d'ici 2027.
> Dégressivité des allocations chômage dès 6 mois
La candidate des Républicains veut renforcer la récente réforme de l'assurance-chômage en instaurant la dégressivité des allocations versées à partir de six mois, contre sept mois aujourd'hui. En outre, les chômeurs seront "encouragés à se former dans les métiers qui recrutent pour conserver leurs allocations", précise son programme.
Fiscalité
> Fusionner livret A et LDDS
Valérie Pécresse propose de fusionner les fonds du livret A avec ceux du livret de développement durable et solidaire (LDDS) pour créer un "Livret vert", permettant à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) de financer 120 milliards de prêts pour les entreprises et la transition écologique.
> Supprimer les droits de succession pour 95% des Français
Valérie Pécresse promet de "supprimer les droits de succession pour 95% des Français" en permettant à chaque enfant d'hériter de 200.000 euros de manière défiscalisée, soit deux fois plus que les 100.000 euros sur lesquels aucun impôt n'est à payer aujourd'hui. Cet abattement serait également porté à 100.000 euros en cas de transmission indirecte (frère, soeur, neveu, nièce, etc.)
Par ailleurs, la candidate prône un "choc de transmission" avec des donations de 100.000 euros défiscalisées tous les six ans, contre quinze ans aujourd'hui, pour les parents vers leurs enfants mais aussi pour les grands-parents vers leurs petits-enfants. Ce montant défiscalisé s'élèverait à 50.000 euros pour les oncles, tantes et fratries.
Logement
> 500.000 nouveaux logements chaque année
Valérie Pécresse veut "construire plus" de logements en "libérant des contraintes". Elle souhaite pour cela mettre en œuvre une "procédure unique" pour les grandes opérations d’aménagement et abaisser de 18 mois à 6 mois le délai de traitement des recours en matière d’urbanisme. Elle souhaite également relancer la construction de logements sociaux en réduisant la TVA sur la construction de 10% à 5,5% et permettre de transformer plus facilement des bureaux vacants en logements.
La candidate prône aussi l'assouplissement des "entraves" à la construction dans les zones rurales et veut permettre aux maires d’adapter localement l’objectif national de "zéro artificialisation nette" et les inciter à utiliser les friches pour libérer du foncier.
> Généraliser le prêt à taux zéro
Pour "bâtir une France de propriétaires", Valérie Pécresse veut pérenniser le prêt à taux zéro, censé prendre fin en décembre 2022, et le généraliser à l'ensemble du territoire "en le renforçant dans les zones rurales". Elle souhaite aussi rétablir l’APL accession, qui permettait aux foyers modestes de payer une partie des mensualités de leur crédit logement, et mettre en œuvre une "caution solidaire" pour permettre aux travailleurs en CDD ou en intérim d'avoir accès au prêt bancaire.
> Accès prioritaire pour les travailleurs "de première ligne"
Valérie Pécresse veut donner un accès prioritaire aux travailleurs de "première ligne" dans la ville où ils résident. Elle souhaite aussi "créer une garantie immobilière solidaire pour annuler les surprimes d’assurance que subissent les personnes présentant un risque aggravé de santé qui souhaitent emprunter" et mettre fin "au logement social à vie" avec un bail de six ans renouvelable pour les nouveaux locataires, afin d'assurer davantage de mobilité au sein du parc social.
Retraites
> Porter l'âge de départ à 65 ans
Valérie Pécresse veut relever progressivement l'âge légal de départ à la retraite pour qu'il atteigne 65 ans en 2030, s'appliquant ainsi pleinement aux personnes nées en 1965 et au-delà. La réforme serait lancée dès son arrivée à l'Elysée. La candidate assure néanmoins que la pénibilité et les carrières longues seront toujours prises en compte pour permettre des départs plus précoces.
> Hausse des pensions de réversion
Valérie Pécresse assure que "ceux qui ont travaillé toute leur vie" toucheront une pension de retraite "d’au moins un SMIC net par mois" d'ici 2030. Elle souhaite aussi faire passer de 54% à 75% la pension de réversion versée au conjoint survivant qui n'a "pas acquis de droit personnel à pension" - pour rappel, la pension de réversion est la part de la retraite dont bénéficiait le conjoint décédé et qui est reversée, sous conditions, au conjoint survivant.
Entreprises/compétitivité
> Baisse des impôts de production
Pour "redonner de la compétivité", Valérie Pécresse veut baisser les impôts de production à hauteur de 10 milliards d’euros en commençant par la suppression de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S). Elle compte aussi supprimer le forfait social sur la participation, l'intéressement et l'épargne salariale, ainsi que la contribution de 20% sur l'attribution gratuite d'actions.
> Encourager la création d'entreprises
Avec son "comité de la hache", Valérie Pécresse veut s'attaquer à toutes les normes et simplifier les procédures pour permettre de créer ou d'installer plus facilement des entreprises industrielles. Par ailleurs, les créateurs d'entreprises seraient exonérés de charges pendant les trois premières années de leur société et une "aide à l'investissement de proximité" sera mise en œuvre dans les zones rurales sous la forme d’un crédit d’impôt de 50% sur les investissements jusqu’à 20.000 euros.
> Négocier le temps de travail
La candidate LR, si elle est élue en avril prochain, promet la "sortie des 35 heures" par la négociation. Les entreprises pourront négocier, par accord de branche ou d’entreprise, la durée de référence du travail pour s'adapter au mieux à leurs besoins et à ceux des salariés. En outre, "toutes les heures travaillées au-delà des 35 heures seront totalement exonérées de charges sociales et exonérées d’impôt sur le revenu", assure son programme.
Transports
> Décarboner les transports
Valérie Pécresse n'a pas encore dévoilé ses propositions en matière de transports. Lors de la primaire des Républicains, la candidate prônait le remplacement des transports en commun fonctionnant au diesel par des transports propres, la fin des véhicules neufs consommant des énergies fossiles d'ici 2035 et le développement des bornes de recharges pour les véhicules électriques. Elle avait également évoqué la simplification des lois sur les projets ferroviaires pour éviter l'annulation des grands projets.
Agriculture
> Soutenir l'emploi agricole
Pour "soutenir l'emploi agricole", Valérie Pécresse veut pérenniser l’allègement des charges patronales pour les employeurs de travailleurs saisonniers, censé prendre fin en 2022. Elle souhaite également féminiser ces métiers agricoles en développant les services de garde et en élargissant les aides au remplacement pour les futures mamans. Elle compte aussi supprimer la taxation sur les plus-values lors de cessions d’exploitation à un jeune agriculteur pour assurer le renouvellement des générations.
> S'adapter au changement climatique
Face au changement climatique qui devrait bouleverser l'agriculture française dans les années à venir, Valérie Pécresse veut développer davantage le stockage de l'eau, "encore trop réglementé" et "rémunérer les agriculteurs pour le prix des services qu’ils rendent à l’environnement" via des "crédits carbone". Elle compte aussi encourager l'innovation génétique par les nouvelles techniques de sélection (NBT) et "investir le champ des nouvelles technologies".
Par ailleurs, en l'absence d'alternative, Valérie Pécresse refusera la stratégie "zéro phyto".
> Instaurer une préférence locale
Valérie Pécresse veut "réformer les règles de la commande publique pour instaurer une préférence et un recours au local accru dans la restauration scolaire, hospitalière et administrative", mais aussi mettre en place une "traçabilité totale" des produits agricoles et agroalimentaires et un "étiquetage généralisé" de l’origine des produits.
Énergie
> Réduire la facture énergétique
Pour baisser la facture énergétique des Français, la candidate LR compte abaisser de 20% à 5% la TVA sur les taxes pesant sur l’électricité. Par ailleurs, les indemnités de frais kilométriques seraient automatiquement indexées sur les prix des carburants et le plafond de distance entre le domicile et le travail serait supprimé.
> Relancer le nucléaire
Valérie Pécresse s'est déclarée favorable à l'énergie nucléaire et appelle à une "relance gaullienne" de l'énergie atomique. Elle compte, comme le propose Emmanuel Macron, "de lancer immédiatement une première série de six EPR et de préparer la programmation des séries suivantes". Elle veut également poursuivre l’exploitation des réacteurs existants "qu’il est irresponsable de vouloir fermer tant qu’ils respectent les normes de sûreté".
> Respecter l'avis des populations sur les projets éoliens
Aux côtés du nucléaire, Valérie Pécresse veut encourager le développement des énergies renouvelables sous toutes leurs formes: hydraulique, solaire, éolien, géothermie, mais aussi biocarburants, méthanisation ou biomasse. Néanmoins, pour ne pas "braquer les populations et les élus", aucun projet éolien ne sera mis en oeuvre "contre leur volonté" et les "projets non consensuels seront réexaminés sur terre comme en mer", promet-elle.