Quelle est cette compagnie qui propose des vols Paris-New York à moins de 100 euros?
Proposer du low cost aérien longues distances, beaucoup de compagnies y ont cru (XL Airways, Wow Air...) et la plupart se sont cassées les dents, notamment à cause de la crise du covid et d'une absence généralisée de rentabilité.
Mais depuis quelques années, de nouveaux acteurs tentent leur chance en appliquant de nouvelles recettes. C'est le cas de JetBlue ou encore du norvégien Norse Atlantic Airways, lancé en 2021 sur les cendres de Norwegian, récupérant sa flotte de Boeing 787 Dreamliner et certains de ses salariés.
Après Oslo, la compagnie s'installe en Grande-Bretagne (Londres), en Allemagne (Berlin), et a lancé ses opérations en 2023 depuis Paris avec une promesse simple: proposer des vols vers New York (un vol quotidien), Miami et Los Angeles à prix très serrés.
Des promos ponctuelles à 99 euros
Ainsi, un aller-simple vers "la grosse pomme" en classe économique le 4 juin prochain est proposé à 237 euros. Un tarif proposé quasiment tous les jours de la semaine hors week-end et périodes de vacances qui peut même descendre encore plus bas en anticipant (218 euros en novembre prochain) ou en bénéficiant de promotions ponctuelles qui peuvent faire fondre le prix à 99 euros (pour une date fixe et proche). Des prix qui ont affolé les réseaux sociaux en ce mois de mai.
Pour Miami, les prix débutent à 215 euros.
Des prix agressifs qui permettent de remplir les 10 Boeing 787 de la compagnie. Elle revendiquait ainsi "un taux d'occupation en mars de 82%, et une hausse de 103% du nombre de passagers".
"En mars 2024, Norse Atlantic Airways a transporté 85.652 passagers sur 324 vols, dont 46 vols affrétés. La compagnie aérienne a dépassé toutes les attentes, démontrant ainsi sa force et son attrait sur le marché", se félicite-t-elle.
"Nous avons eu presque un million de passagers l'an dernier et cette année, nous en aurons plus d'un million et demi", ajoute Bjorn Tore Larsen, PDG et fondateur à La Tribune.
Comment parvenir à des prix si bas? La compagnie préfère parler de modèle hybride que de modèle low cost.
"Elle s'appuie en effet sur les méthodes du low cost mais en l'améliorant en y intégrant des éléments des compagnies classiques", explique à BFM Business, Julien Joly, expert transports pour le cabinet Wavestone.
"A cheval entre les deux"
"Ils sont donc à cheval entre les deux car il y a une classe premium à bord, des services inclus comme la restauration ou le divertissement, choses qui n'existent pas dans le low cost court-moyen courrier. Côté opérations, ils ont une flotte composé d'avions identiques, récents, c'est la clé car ils sont plus plus fiables et plus sobres. Et ce sont des avions en location, ce qui permet à la compagnie d'être plus flexible et de prendre moins de risques financiers. Ils peuvent ainsi augmenter leur flotte graduellement en fonction de leurs besoins. Enfin, la destination américaine est le meilleur choix pour ce type d'offre car la demande est forte", poursuit le spécialiste.
"Ce que d'autres ont fait de bien ou de mal dans le passé n'a pas d'importance. Ce qui compte c'est ce que vous faites aujourd'hui. A la qualité de votre plan d'affaires. Et surtout, à la qualité de votre exécution. Cela se résume aux personnes, à de la discipline et à créer une entreprise durable capable de mettre en œuvre un modèle qui lui est propre. Serons-nous une réussite? Je le crois. J'ai parié beaucoup d'argent là-dessus", explique de son côté Bjorn Tore Larsen.
Reste que pour le moment, la compagnie est encore dans le rouge (169 millions de dollars de perte nette l'an passé) mais vise la rentabilité cette année en misant sur un été bien rempli, notamment grâce à l'exploitation de nouveaux appareils portant sa flotte à 12 puis à 15 Boeing 787. Mais le chemin sera difficile.
Limites coûteuses
"Sur ce segment, je pense que cela reste audacieux", estime Julien Joly. "Même si le modèle est hybride, dupliquer le low cost sur le long courrier a ses limites. Les voyageurs ont bien plus d'attentes en termes de confort et de services. Cela a un coût. Tout comme l'opérationnel: dans le long courrier, on ne peut pas multiplier les rotations, on ne peut pas en faire plus de deux par jour, les temps d'escale sont plus longs, il faut changer d'équipage. C'est d'ailleurs ce qui a provoqué la faillite de celles qui ont essayé en plus du covid".
Et de poursuivre: "les avions doivent atterrir dans des hubs, ce qui coûte plus cher en redevances et puis il y a la variable du prix du kérosène et des salaires en hausse des personnels navigants notamment les pilotes".
D'où la tentation de la compagnie de faire un peu monter ses prix sans passer une certaine barre psychologique. Tout en diversifiant ses activités en proposant également un service de fret (cargo).
"D'un côté, il y a plus de place car beaucoup de compagnies sur ce segment ont fait faillite mais de l'autre, les compagnies historiques réagissent, multiplient les gammes et proposent des tarifs tout inclus. Quand on rajoute les options dans les compagnies low cost, au final, l'écart se réduit avec une compagnie comme Air France", conclut Julien Joly.