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Résultats élections législatives 2024: 5 cartes et infographies pour comprendre le second tour du scrutin

Si le Nouveau Front populaire est sorti en tête et renforcé du second tour des élections législatives ce dimanche 7 juillet, le RN progresse et occupera une place historique à l'Assemblée nationale. Le camp présidentiel, lui, résiste et jouera un rôle central. Résumé des leçons du scrutin en infographies.

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Une soirée historique. Arrivé en tête au premier tour des élections législatives, le Rassemblement national s'est pris de plein fouet le "front républicain" au second tour, dimanche 7 juillet, avec des désistements en cascade pour éviter des triangulaires qui auraient été à son avantage.

À la surprise générale, c'est donc la gauche et le Nouveau Front populaire qui aura le plus grand nombre d'élus à l'Assemblée nationale, devant la coalition présidentielle Ensemble. Le parti de Jordan Bardella et ses alliés n'arrivent que troisièmes.

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• 3 blocs à l'Assemblée, une France ingouvernable?

Avec ces trois blocs bien identifiés, aucune majorité absolue ne se dégage au lendemain du scrutin. Avec 182 députés, le Nouveau Front populaire est la force politique principale de la nouvelle Assemblée nationale, est loin de la barre des 289 élus. Faire voter des textes, en cas d'opposition féroce de la droite et de l'extrême droite, pourra donc être compliqué.

Même scénario si une majorité relative Ensemble-LR, forte de 231 députés, pourrrait se dessiner: un gouvernement pourrait être renversé par le vote d'une motion de censure de la gauche soutenue par le Rassemblement national.

• La gauche retrouve des couleurs

Si elle n'est donc pas encore assurée de gouverner, la gauche peut toutefois sourire. Sans retrouver la majorité absolue de l'ère Hollande, elle compte tout de même plus de 180 députés, soit une trentaine de plus que la Nupes formée au lendemain de l'élection présidentielle de 2022. Et ce malgré plusieurs sièges perdus contre l'extrême droite (Sébastien Jumel en Seine-Maritime, Caroline Fiat en Meurthe-et-Moselle...) ou la droite (Rachel Keke dans le Val-de-Marne).

Comme la Nupes, l'accord du Nouveau Front populaire prévoyait une candidature unique dans chaque circonscription. À l'issue du second tour, LFI maintient son nombre d'élus - 75, selon le décompte d'Elabe pour BFMTV, RMC et La Tribune dimanche, tandis que EELV et le PS progressent, avec respectivement 33 et 65 députés.

La carte ci-dessous montre comment l'union de la gauche a retrouvé la forme depuis 2012. Pour chaque scrutin, apparaissent en rouge les circonscriptions dans lesquels un candidat de gauche a été élu député.

• Le RN déçu... par un score historique

Du côté de l'extrême droite, la marche était peut être encore un peu trop haute pour le Rassemblement national de Marine Le Pen. Certes, le parti à la flamme et ses alliés engrangent de nouveaux élus, avec 143 députés, contre 89 en juin 2022, soit "la percée la plus importante de toute son histoire", a revendiqué Jordan Bardella.

Mais il voit s'évaporer le rêve de hisser son jeune patron de 28 ans à Matignon, porté par une majorité absolue qui lui semblait atteignable au soir du premier tour. Une victoire attendue qui devait ouvrir la voie à la conquête du pouvoir pour Marine Le Pen en vue de la présidentielle de 2027.

Il n'empêche: le Rassemblement national formera, sauf surprise, le groupe parlementaire le plus important de l'Assemblée nationale. Jamais l'extrême droite n'avait pu se targuer jusque-là d'une telle performance sous la Ve République.

La carte ci-dessous montre comment le RN s'est installé, élection législative après élection législative depuis 2012. Pour chaque scrutin, apparaissent en bleu les circonscriptions dans lesquels le candidat soutenu par le FN puis le RN a été élu.

• Le front républicain a fonctionné, en particulier à gauche

Le désistement de candidats dans plus de 200 circonscriptions pour faire barrage à l'extrême droite explique notamment la contre-performance du Rassemblement national. Tout comme les reports de voix entre le premier et le second tour: les électeurs se sont mobilisés pour empêcher la formation de Jordan Bardella d'accèder au pouvoir.

En cas de duel LFI/RN, les électeurs d'Ensemble ont voté à 43% pour le candidat de gauche, contre 19% pour l'extrême droite et 38% se sont abstenus. Si le candidat du RN était opposé au PS, à EELV ou au PCF, alors 54% des électeurs d'Ensemble se sont moibilisés pour la gauche.

Le front républicain a été encore plus efficace à gauche: les électeurs du Nouveau Front populaire ont voté à 72% pour le candidat Ensemble quand il était opposé au Rassemblement national. Un chiffre qui peut expliquer la victoire de plusieurs figures de la macronie ce dimanche, comme Elisabeth Borne ou Franck Riester.

• Le camp présidentiel résiste mieux que prévu

Malgré la défaite, un camp peut souffler. Celui d'Emmanuel Macron. Le pari de la dissolution de l'Assemblée nationale au soir d'une lourde défaite aux européennes (14,6%), aurait pu se solder par une déroute bien plus importante. Grâce aux désistements et à la mobilisation de l'électorat de gauche, la coalition Ensemble comptera 163 élus, selon le décompte d'Elabe, contre 245 il y a un mois.

Avec 99 députés, Renaissance devrait former le second groupe le plus important de l'Assemblée nationale, derrière le RN. Horizons d'Edouard Philippe et le Modem de François Bayrou devraient eux aussi être en capacité de former un groupe parlementaire.

Mais cette dissolution montre peut-être les prémices de la fin du macronisme: le camp présidentiel a reculé depuis 2017 dans des dizaines de circonscriptions, que ce soit face au RN ou face à la gauche.

La carte ci-dessous montre comment les députés macronistes ont peu à peu disparu du paysage depuis 2017. Pour chaque scrutin, apparaissent en orange les circonscriptions dans lesquels le candidat étiqueté La République en marche, Modem, Renaissance, Ensemble ou divers centre a été élu.

"Ce soir, aucune majorité absolue ne peut être conduite par les extrêmes", s'est réjoui Gabriel Attal. S'il a annoncé qu'il remettrait ce lundi matin sa démission à Emmanuel Macron, il s'est aussi dit prêt à assumer ses "fonctions aussi longtemps que le devoir l'exigera", notamment à l'approche des Jeux olympiques.

Théophile Magoria et Ariel Guez