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Retraites: les syndicats retiennent leur souffle avant la décision du Conseil constitutionnel

Les syndicats ont appelé à une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Trois mois après le début du mouvement, tous leurs espoirs reposent sur la décision du Conseil constitutionnel, qui pourrait signer leur victoire ou au contraire la fin des manifestations.

Cette 12ème journée de contestation sera-t-elle la dernière? Les syndicats n'ont pas encore arrêté leur position. Plusieurs rendez-vous sont programmés pour se mettre en ordre de bataille. Les leaders syndicaux vont d'abord se retrouver, dès ce soir, après une nouvelle journée de mobilisation.

Objectif: préparer plusieurs versions de communiqués en fonction des différentes décisions possibles du Conseil constitutionnel. De la validation de la réforme -un scénario auquel personne ne croit parmi les syndicats- à une censure totale, une censure partielle ou encore un feu vert ou pas pour le RIP, le référendum d'initiative partagée.

Saisir l'article 10

Ce communiqué sera ensuite publié à l'issue d'une nouvelle réunion, de l'intersyndicale, vendredi soir, après la décision du Conseil constitutionnel. Enfin, ce n'est qu'en début de semaine prochaine que les leaders syndicaux ont prévu de se retrouver pour décider de la suite du mouvement. Tout dépendra évidemment de la décision du Conseil constitutionnel. S'il censure l'ensemble de la réforme, ce serait une immense victoire pour les syndicats.

S'il la censure partiellement, en retoquant certaines mesures comme l'index senior, cela leur permettrait de "remettre une pièce dans la machine" explique un expert. Les syndicats s'engouffreraient alors dans la brèche pour dire que l'équilibre de la réforme n'est plus respecté et appeler Emmanuel Macron à saisir l'article 10, pour demander une nouvelle délibération à l'Assemblée nationale.

Enfin, si le conseil constitutionnel valide le référendum d'initiative partagée, cela leur offrirait une perspective de plus long terme pour poursuivre le combat contre cette réforme. Cette procédure législative pourrait aboutir, au bout d'un long processus, à un référendum sur l'âge de départ à la retraite.

De nouvelles manifestations envisagées

Quoi qu'il en soit, de nouvelles mobilisations pourraient être organisées dans les jours à venir. Après le verdict des Sages, Emmanuel Macron a 15 jours pour promulguer la loi.

"Tant qu'elle n'est pas promulguée, il y a un espoir et cela a donc du sens de continuer à manifester" explique un haut responsable syndical.

C'est après que la situation risque de se compliquer. Les leaders syndicaux affichent, pour l'instant, la même volonté: "on est entré dans ce combat ensemble, on veut en sortir ensemble" résume l'un d'eux.

Sur BFMTV, Thomas Vacheron, Membre de la direction confédérale de la CGT rappelle que "les éboueurs repartent en grève reconductible, il y a des grèves dans l'aérien mais surtout, c'est le nombre de travailleuses et de travailleurs du privé qui font grève et qui remplissent les manifestations et qui font qu'on est des millions dans la rue, on n'est pas prêts d'arrêter".

Reste à trouver une porte de sortie acceptable pour tous. "Quand cela fait 3 mois que vous demandez aux salariés de se mobiliser et de s’asseoir sur leurs salaires, c'est compliqué de leur dire stop sans avoir rien obtenu" ajoute un haut responsable syndical.

Mais pour Laurent Berger de la CFDT, "il est clair que la CFDT ne fera pas de manifestations pendant six mois sur cette réforme des retraites".

Plusieurs solutions sont déjà évoquées: remobiliser les troupes pour aller chercher les 4,8 millions de signatures nécessaires pour le RIP, attaquer les décrets d'application de la réforme devant le conseil d'État ou encore organiser une grosse opération commune le 1er mai prochain.

Caroline Morisseau