Sainte-Soline: une séquence vidéo contredit la version donnée par Gérald Darmanin devant les députés
Le ministre de l'Intérieur a-t-il menti, comme l'affirment ses détracteurs? Une séquence diffusée ce jeudi dans "Complément d'enquête" sur France 2 pose question, alors que Gérald Darmanin défend corps et âme depuis plusieurs jours les policiers et les gendarmes qui sont intervenus à Sainte-Soline le 25 mars, lors de la manifestation à Sainte-Soline contre le projet de "méga-bassines" dans les Deux-Sèvres.
L'opposition accuse les forces de l'ordre de violences, car des dizaines de manifestants ont été blessées. Soulignant le nombre important de gendarmes et policiers pris pour cible et blessés (et dénonçant la violence de "l'ultragauche"), Gérald Darmanin assure de son côté que les forces de l'ordre ont répondu de manière proportionnée et a réfuté tout usage excessif de la force.
"Les policiers et gendarmes ne font que répliquer à des gens qui sont violents. Ce ne sont jamais eux qui, en premier, iraient dans les rues à Sainte-Soline, trouveraient des personnes dans un champ et les attaqueraient", a-t-il plaidé à l'Assemblée nationale ce mercredi.
Mais une séquence, diffusée ce jeudi dans "Complément d'enquête" sur France 2 et vue près d'un million de fois en seulement quelques heures sur les réseaux sociaux, contredit cette version donnée par le ministre de l'Intérieur.
"Eh putain mais ils tirent! Ils sont cons ou quoi?"
Sur les images de "Complément d'enquête", qui a pu suivre les forces de l'ordre tout au long de la journée du 25 mars, on voit un colonel de gendarmerie s'énerver, voyant que ses hommes ont envoyé des grenades lacrymogènes, par erreur... vers le "cortège familial."
Quelques minutes plus tôt, plusieurs groupes de manifestants avaient été identifiés par les forces de l'ordre. Un cortège "bleu" où des manifestants étaient masqués et certains armés de boucliers, et un cortège "rose", "plutôt familial", où se trouvaient des centaines de personnes pacifiques.
Peu avant 13 heures, le colonel ordonne à ses hommes de faire "des tirs de dispersion" (des tirs de grenades lacrymogènes, ndlr) vers le cortège "bleu." Mais les quads se trompent de cible.
"Ils tirent pas, dis leur tout de suite. Qu'ils ne tirent pas sur le rose (...) Eh putain mais ils tirent! Ils sont cons ou quoi?" dit le colonel, filmé, qui reconnaît que le mauvais cortège a été pris pour cible.
La séquence a lieu au tout début de la manifestation, peu avant 13 heures. Le "cortège familial" s'est donc retrouvé sous les gaz lacrymogènes. Dans les heures qui suivront, d'autres manifestants, violents et agressifs, viseront directement les forces de l'ordre, à coup de pavés et de cocktails Molotov.