Séisme chez LR, le RN dit non à Reconquête... Ce qu'il faut retenir de cette folle journée politique
Deux jours après la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron et la convocation de législatives anticipées, le jeu des alliances bat son plein ce mardi 11 juin.
Les Républicains avec le Rassemblement national? La gauche sauf Raphaël Glucksmann et Place publique? Le Rassemblement national sans Reconquête? La journée de ce mardi 11 juin a été riche en rebondissements. BFMTV.com fait le point sur ce qu'il s'est passé ce mardi, et ce qui se joue en vue du scrutin.
• Éric Ciotti s'allie avec RN, séisme au sein des LR
Depuis l'annonce d'Emmanuel Macron dimanche 9 juin, les surprises vont bon train. Ce mardi, c'est du côté des Républicains qu'un rebondissement inattendu a pris les ténors du parti par surprise. Invité du 13h de TF1, le patron du parti, Éric Ciotti, a déclaré être favorable à une "alliance" avec le Rassemblement national. Le Maralpin est allé encore plus loin, souhaitant que "tous les députés LR sortants s'allient avec le RN pour préserver un groupe puissant à l'Assemblée nationale".
Un coup de tonnerre au sein du parti, dont les cadres ont toujours rejeté un pacte avec le parti d'extrême droite. Le chef des députés LR Olivier Marleix, celui des sénateurs Bruno Retailleau, le chef du Sénat Gérard Larcher... Tous ont vivement condamné la sortie d'Éric Ciotti, dénonçant une "impasse" dans laquelle il amène le parti.
Alors que les appels à la démission se sont multipliés - aussitôt balayés par Éric Ciotti -, l'ex-Premier ministre Édouard Philippe, ancien membre des LR et président d'Horizons a ouvert la voie vers une autre alternative, tendant "la main" aux membres des Républicains (LR) opposés à l'alliance avec le Rassemblement national.
"Il est assez évident que tous ceux qui veulent me rejoindre sont les bienvenus", a-t-il déclaré sur le plateau de BFMTV, en réitérant son souhait de bâtir une "nouvelle majorité", qui selon lui ne doit pas être "la reproduction de l'architecture de la majorité telle qu'elle a été conçue en 2022". Les discussions s'annoncent en tout cas tendues chez les élus Les Républicains, entre alliance avec le RN et cette "nouvelle majorité".
Nouveau rebondissement dans la soirée: invité du 20h de France 2, le chef du Rassemblement national Jordan Bardella a annoncé qu'il y aura bien "un accord" RN-LR. Avec, dans le détail, "des dizaines" de députés LR seront "investis" ou "soutenus" par l'extrême droite.
• Entre le RN et Reconquête, rien ne va plus
Le soir du dimanche 9 juin, après l'annonce des résultats et de la dissolution, Marion Maréchal, qui a porté la liste Reconquête, le parti d'Éric Zemmour, a pris la parole. Au cours de son discours, elle a annoncé qu'elle allait rencontrer les cadres du Rassemblement national en vue d'une éventuelle alliance.
Le lendemain, lundi 10 juin, Marion Maréchal a donc rencontré sa tante, Marine Le Pen, et le président RN Jordan Bardella. En sortant de la réunion, elle a exprimé son "souhait ardent" d'un accord avec le RN en vue des législatives. Jordan Bardella, lui, avait souligné que sa concurrente d'hier avait "fait preuve durant toute la campagne d'une démarche et d'une attitude constructive à l'égard du Rassemblement national", tout en glissant que ça n'avait "pas été le cas d'Éric Zemmour".
Revirement, ce mardi 11 juin, quand le Rassemblement national a finalement renoncé à s'allier avec Reconquête, refusant "le principe même d'un accord", selon Marion Maréchal. En cause, les trop grandes divergences avec Éric Zemmour, d'après cette dernière. "Malgré mes tentatives de négociation, le regrettable argument qui m'a été avancé (est) qu'ils ne souhaitent aucune association directe ou indirecte avec Éric Zemmour", a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Plus tard dans la soirée, Jordan Bardella a confirmé que les "discussions n'ont pas abouti".
"J'estime que les prises de position d'Éric Zemmour, que les invectives qu'il a multipliées à l'égard du Rassemblement national ont rendu les conditions d'un accord caduc, mais ce n'est pas très grave", a-t-il souligné.
• La conférence de presse d'Emmanuel Macron finalement décalée à demain
Annoncée ce mardi dans l'après-midi, la conférence de presse d'Emmanuel Macron aura finalement lieu mercredi 12 juin à 11 heures, a indiqué l'entourage d'Emmanuel Macron à BFMTV.
"La clarification politique appelée de ses vœux dimanche par le président de la République est actuellement à l'œuvre. Les forces républicaines d’un côté, les forces extrémistes de l’autre se positionnent", a précisé son entourage. Cette prise de parole "indiquera l’orientation qu’il croit juste pour la Nation".
Par ailleurs, le chef de l'État a exprimé son souhait de multiplier les prises de parole pendant tout le mois de juin et envisage "trois interventions par semaine jusqu'aux élections législatives", a appris BFMTV de sources concordantes de proches de l'Élysée, confirmant des informations de L'Express.
• La gauche unie, mais sans Glucksmann?
C'était l'une des grandes questions depuis l'annonce des législatives anticipées. La gauche, brièvement unie avec la Nupes, et depuis largement déchirée, a-t-elle parvenir à s'entendre pour faire barrage au RN?
Lundi au soir, les quatre partis de gauche - le PS, LFI, EELV et le PCF - ont finalement annoncé un accord de principe pour créer "un nouveau Front populaire". Des questions restent toutefois en suspens, notamment celle de la place qu'occupera Jean-Luc Mélenchon ou François Ruffin.
Mais ce mardi, alors que les tractations autour du programme et des investitures continuaient entre les différents partis de gauche, restait l'inconnue Raphaël Glucksmann. L'eurodéputé de 44 ans, qui a fait notamment campagne sur la "rupture" avec LFI, a indiqué dans la matinée vouloir ouvrir l'union de la gauche au groupe parlementaire indépendant Liot, qui compte des centristes et d'ex-dissidents PS.
"L'union ne peut pas se faire au prix du renoncement aux principes et nous avons posé des points clairs", ajoute-t-il, rappelant avoir posé comme conditions "le soutien à la construction européenne, l'aide militaire à la résistance ukrainienne (...) et le refus de la brutalisation du débat public".
Son parti Place publique, par l'intermédiaire de l'eurodéputée Aurore Lalucq, a pourtant signé la déclaration commune avec les Insoumis lundi soir.