Sera-t-il un peu plus facile d'obtenir un prêt immobilier à partir de juillet?
Le couperet vient de tomber. La Banque de France a publié ses dernières statistiques de production de crédits à l'habitat. Et comme le prévoyaient de nombreux professionnels de l'immobilier, aucun rebond n'a été observé. En mai, "la production de crédits immobiliers est estimée à 14,5 milliards d'euros et même 12,2 milliards hors renégociations, un chiffre qui est même en légère baisse par rapport à avril (15 milliards d’euros au total) et parmi les plus bas niveaux historiques depuis 2017. Sur un an, par rapport à mai 2022 - qui était un point haut à 26,8 milliards d’euros – la production de crédits est en chute de 45,9%", précise Vousfinancer.
Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer, analyse: "Au regard des chiffres de production de crédits, il est indéniable que la révision mensuelle du taux d’usure n’a pas eu l’effet escompté, c’est-à-dire celui de débloquer l’octroi de crédit et inciter davantage les banques à prêter en leur permettant de remonter leurs taux de crédit. Depuis la fin de l’année 2022, le taux d’usure est passé de 3,05% à 4,68% sans que la production de crédit n’augmente, ne serait-ce que légèrement". Mais elle ajoute qu'on "peut penser que la situation aurait été pire si les taux d’usure avaient continué à être révisés seulement tous les 3 mois". Pour que la mensualisation ait un réel impact, il aurait peut-être fallu qu'elle soit mise en place plus tôt, lorsque les taux n'étaient pas encore trop élevés par rapport à des prix qui peinent à baisser.
Vers un assouplissement des règles?
Quoi qu'il en soit, cela montre que le taux d'usure n'est pas l'unique levier sur lequel il faut jouer pour relancer la production de crédits. Et il semblerait que le gouvernement en soit conscient. En effet, Vousfinancer rappelle que le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) pourrait annoncer un assouplissement de ses recommandations à l'issue de sa réunion le 13 juin afin d'inciter davantage les banques à prêter.
"Celui-ci devrait porter sur la marge de flexibilité dont dispose les banques et au sein de laquelle, pour 20% de leur production de crédits, elles peuvent ne pas respecter les critères d’endettement (35% maximum, assurance commprise, NDLR) et de durée maximum (25 ans dans l'essentiel des cas, NDLR), sous certaines conditions: 80 % de cette marge doit être accordée aux financements de l’achat de résidences principales", précise Vousfinancer. Ce sont ces conditions qui pourraient être assouplies, et les profils à qui sont accordées ces dérogations, laissés à la libre appréciation du risque des banques.
Julie Bachet tempère, tout de même, tout élan d'optimisme: "Nous attendons désormais les mesures d’assouplissement des critères du HCSF le 13 juin, tout en sachant qu’il n’y aura pas de miracles: les banques n’utilisent actuellement même pas totalement leur marge de flexibilité – seulement pour 14,6% au lieu de 20 - et se fixent elles-mêmes leurs propres critères d’octroi de prêt en limitant le risque au maximum, compte tenu de la faible rentabilité de l’activité de crédit actuellement. Espérons qu’avec des taux de crédit à plus de 4%, elles soient de retour sur le marché pour financer les Français dont l’attrait pour l’immobilier ne se dément pas et pour qui se loger est un besoin".