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"Surprise", "inquiétude": les résultats des législatives ne rassurent pas les chefs d'entreprise

Les organisations patronales craignent les répercusions économiques d'une longue période d'incertitude politique alors que la nouvelle Assemblée nationale se divise en trois blocs. Elles mettent également en garde contre le programme du Nouveau Front populaire, sorti en tête des urnes.

Au lendemain des résultats surprises des élections législatives, les chefs d'entreprise n'y voient pas beaucoup plus clair. En l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale, c'est toujours l'incertitude qui prédomine. Une incertitude "qui n'est pas de nature à rassurer les entrepreneurs" alors qu'il est "difficile de savoir par qui la France sera gouvernée", regrette la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) dans un communiqué publié lundi.

L'organisation patronale juge "pourtant impératif de redonner confiance à ceux qui font la croissance et l’emploi, pour éviter que l’attentisme actuel ne se prolonge".

"Le pire serait que les investissements et les recrutements soient ajournés. La crise économique qui s’ensuivrait serait sévère et préjudiciable à l’ensemble des Français", poursuit-elle.

Pour le secrétaire national de la CPME Jean-Eudes du Mesnil, invité de Radio Classique lundi matin, "l'état d'esprit, c'est une véritable inquiétude". Même sentiment du côté de Michel Picon, président de l'U2P, qui rappelle sur BFM Business que "l'ensemble des petites entreprises et des entreprises en règle générale ont besoin de stabilité et de visibilité".

"Front entrepreneurial"

À l'inquiétude se mêle la "surprise" alors que le Rassemblement national, dont le programme avait été accueilli avec scepticisme par une majorité d'entrepreneurs, a glané un nombre de sièges bien plus faible qu'attendu dans l'hémicycle. Mais le projet du Nouveau Front populaire (NFP), sorti victorieux des urnes, ne les rassure pas davantage.

"Ce programme-là est un programme qui va mettre à mal beaucoup d'entreprises de notre pays", assure Michel Picon.

Le président de l'U2P estime notamment que l'augmentation du Smic à 1.600 euros net "va poser problème" pour de nombreuses TPE et PME puisque cette mesure défendue par l'alliance de la gauche "ne va pas se limiter au Smic, ça va toucher l'ensemble de la grille des salaires". Pour Jean-Eudes du Mesnil, il s'agit même "d'une ligne rouge". "Il ne faut pas se fracasser sur le mur de la réalité et bien prendre en compte la situation financière de notre pays", a-t-il dit.

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Les organisations patronales rejettent également l'indexation des salaires sur l'inflation et le blocage des prix. "On bloque les prix, donc on réduit les marges des entreprises et dans le même temps il faut augmenter la masse salariale. Tout cela est une équation qui est mortifère", s'inquiète Michel Picon.

Tout aussi inquiet, le Syndicat des indépendants et des TPE appelle à un "front entrepreneurial en vue de soutenir à l'Assemblée nationale une voie soutenable économiquement et socialement pour nos quatre millions d'entreprises et autant de salariés".

"Sans jugement de fond sur les valeurs portées, nous constatons que le programme économique de la coalition en tête des législatives présente des dangers majeurs pour l’économie française et plus particulièrement pour les artisans, commerçants et dirigeants de TPE", indique le secrétaire général du SDI, Marc Sanchez.

La CPME met en garde contre "une mise sous tutelle de la France"

Les organisations patronales rappellent enfin que les marges de manœuvre budgétaires sont extrêmement limitées pour le futur gouvernement. Toute aggravation des déficits "ne sera pas sans incidence sur le coût de l'argent et l'augmentation des taux d'intérêt", met en garde Michel Picon.

"Soit on essaie de corriger le tir et leur redonner confiance (aux entreprises, NDLR). Soit au contraire on leur met un coup de rame sur la tête et ce sera une catastrophe pour tout le monde. Et demain qu'est-ce qu'il se passera? Une mise sous tutelle de la France", avertit également Jean-Eudes du Mesnil.

Michel Picon juge qu'il faut tout de même rester "optimistes" car "des solutions nous paraissent exister entre les républicains démocrates et l'ensemble des nouveaux parlementaires qui peuvent, si on change de logiciel politique dans notre pays, construire quelque chose au service de notre pays et de ses entreprises".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco