Teract souhaiterait prendre la main dans ses négociations avec Casino

Les discussions autour de l’avenir de Casino entament un premier virage. La semaine passée, le groupe de distribution a publié de mauvais résultats commerciaux pour le premier trimestre 2023. Les ventes de ses supermarchés se sont effondrées de 7,8 % et celles de ses hypers de 12,4%. Sa restructuration devient de plus en plus urgente.

Casino négocie une vaste alliance avec le groupe Teract, regroupant les enseignes Gamm Vert, Jardiland et surtout 190 coopératives agricoles pour fournir des produits frais. Le groupe dirigé par Moez Zouari audite les comptes de Casino, Franprix et Monoprix.

"Ils ne sont pas surpris de voir la situation se dégrader, explique une source proche. Et elle ne va pas s’améliorer en quelques mois".

Au cœur des négociations se joue la date du changement de contrôle de Casino. Explications. Les deux groupes ont prévu de créer deux sociétés: une comprenant toutes les enseignes et l’autre l’approvisionnement des coopératives de Teract. La première, la plus importante, serait contrôlée par Casino. Teract en détiendrait environ 25% et Intermarché, nouveau venu dans les négociations, un ordre de grandeur d’environ 10%, le reste étant coté en Bourse.

L’objectif de Teract est de négocier l’échéance à laquelle Casino lâchera le contrôle à son profit. Au début des discussions, il était envisagé un délai de deux à trois ans. Mais avec la situation de Casino qui se dégrade, cela pourrait aller plus vite.

"Trois ans c’est long, d’autant qu’une telle opération met du temps à se concrétiser" ajoute cette source proche de Teract. Un bon connaisseur du dossier estime que Moez Zouari tente de négocier une prise de contrôle au bout d’un an seulement, en 2024, soit juste avant les lourdes échéances de dette de Casino. Ses créanciers poussent l’opération et militent pour "préserver le groupe et donc que sa restructuration aille vite" ajoute un acteur du dossier.

Guillaume Darrasse à la direction générale ?

Les banques joueront un rôle clé dans le sauvetage de Casino qui croule sous 6 milliards d’euros de dettes. Teract ne veut pas que Casino n’en transfère plus de deux milliards d’euros sur leur future société commune. Cela conduirait à demander aux banques de Casino d’abandonner un peu plus d’un milliard d’euros de dette…

Enfin, cet équilibre financier déterminera la gouvernance du futur groupe Casino-Teract. Là aussi, le groupe de Moez Zouari veut imposer un des siens alors même qu’il ne sera qu’actionnaire minoritaire. Le nom de Guillaume Darrasse, directeur général délégué de Teract, circule. Ancien de E.Leclerc, il a été numéro deux de Système U entre 2006 et 2018. Tout le monde s’accorde à dire que Jean-Charles Naouri pourrait alors prétendre à la présidence non exécutive. Les deux hommes forts de Teract, Moez Zouari et Thierry Blandinières se contenteraient de postes d’administrateurs pour surveiller la fusion.

L’ensemble de ces paramètres seront discutés lors de la négociation finale entre Casino, ses banques, Teract et le conciliateur demandé par Jean-Charles Naouri. Le nom de Marc Sénéchal, évoqué par Le Figaro, circule. Il devrait être choisi autour du 22 mai afin de commencer sa mission début juin. L’objectif de Casino et Teract est de parvenir à un accord d’ici fin juillet.