Texte sur la fin de vie: le président de la conférence des évêques de France évoque un projet "dangereux"
L'Église catholique de France monte aux créneaux. Alors que les députés ont commencé lundi 27 mai à examiner le projet de loi sur la fin de vie, l'archevêque de Reims et président de la conférence des évêques de France (CEF), Éric de Moulins-Beaufort, a exprimé de nombreuses craintes sur les possibles conséquences d'un tel texte.
"Je crains beaucoup, personnellement, que ce texte finisse par modifier tout notre système de santé", a-t-il expliqué ce mardi 28 mai au micro de France Bleu Champagne-Ardenne.
Un texte "dangereux"
"Au lieu d'être un système de santé qui aide à vivre, c'est un système de santé qui serait polarisé par le fait qu'il y a la possibilité d'aider à mourir. Ce qui est quand même très différent", a-t-il ajouté.
Ce porte-parole de l'Église catholique considère que ce texte est "dangereux pour l'équilibre de la société".
L'homme d'Église préfère un projet de loi axé sur le développement de l'accompagnement et les soins palliatifs. "Le drame du système de santé aujourd'hui, c'est qu'il ne prend pas suffisamment bien en charge la douleur", a poursuivi le président de la Conférence des évêques de France (CEF).
"Ce que le projet de loi prévoit aujourd'hui sur les soins palliatifs nous paraît insuffisant", a-t-il déploré.
La veille, le vice-président de la CEF, Vincent Jordy, a évoqué l'idée d'un référendum sur la fin de vie dans un entretien au quotidien L'Humanité.
Un texte moins strict en discussion
En commission spéciale, les députés ont modifié les critères d'éligibilité prévus par le texte initial. La notion de "pronostic vital engagé à court ou moyen terme", a été préférée à celle d'affection "en phase avancée ou terminale".
Ces évolutions du projet de loi déposé par le gouvernement inquiètent la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, qui réclame un retour à la version initiale, plus stricte.
Elle a affiché, lundi 27 mai, "son attachement à un texte d'équilibre", "boussole" de ce débat, tout en voulant répondre à une "demande sociétale claire, d'aller un pas plus loin" dans la législation en vigueur sur la fin de vie.
La ministre de la Santé a toutefois répondu aux critiques sur l'accès à l'accompagnement en fin de vie, dont l'Église catholique se fait l'écho, qu'il n'était "pas question" pour le gouvernement que "qui que ce soit demande l'aide à mourir par défaut d'accès aux soins palliatifs".
L'Assemblée nationale a prévu deux semaines de discussions en première lecture, le vote devant avoir lieu le 11 juin, avant la transmission du texte au Sénat à la rentrée prochaine.