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TGV: la SNCF va tester l'accueil des contrebasses à bord suite à la colère des musiciens

Des musiciens rencontrent des difficultés pour voyager en train avec leur instrument. Une expérimentation va être menée pour trouver une solution, mais elle sera accompagnée de conditions strictes.

La SNCF tente de sortir d'une impasse concernant certains de ses clients musiciens. Ceux qui jouent d'un instrument "hors norme", comme une contrebasse ou une harpe, ont toutes les peines du monde à voyager dans un TGV et l'on fait savoir en avril dernier.

Au "mieux", ils écopent d'une amende, malgré un billet en bonne et due forme, au pire, ils se voient refoulés à l'embarquement alors que ces musiciens souvent professionnels déclarent prendre le train entre 4 et 10 fois par mois.

Interrogé, l'opérateur nous avait alors expliqué avoir conduit "une étude approfondie en 2022, fondée sur de nombreux échanges avec une association représentative de musiciens" sans toutefois parvenir à une solution acceptée par les instrumentistes.

Emplacements adaptés

Aujourd'hui, la compagnie revient avec une solution en test, cpnçue avec les musiciens, et expérimentée du 1er juillet au 8 septembre dans les TGV Inoui (les Ouigo ne sont donc pas concernés). Elle est néanmoins accompagnée de conditions assez strictes.

Concrètement, des emplacements adaptés à l’accueil des contrebasses sont localisés en 1ère classe dans les TGV à double niveau et en 2nde classe dans les TGV à simple niveau.

Sur les rames à deux niveaux, la partie basse de l’espace bagage, située dans la salle haute au fond de la voiture 1 (ou 11), peut être utilisée pour y déposer une contrebasse.

"L’utilisation de cet espace est alors liée à l’achat d’une place à proximité, c’est à dire pour le musicien l’achat d’une place en 1ere classe ou en « Business première » obligatoire", souligne la SNCF. Rappelons que les musiciens avaient fait part de leur souhait de pouvoir voyager au plus près de leur instrument.

Sur les rames à un niveau, l’emplacement accessible est situé sur la plateforme en voiture 7 ou 8 (ou 17 ou 18), à proximité immédiate de l’espace voyageurs. "L’utilisation de cet espace impose de réserver une place à proximité, c’est-à-dire pour le musicien l’achat d’une place en 2nde classe", précise le transporteur.

Le service sera facturé s'il est pérénnisé

Attention, "le système de réservation pendant cette phase de test ne permettant pas de bloquer les emplacements à l’achat du titre voyageur, il est recommandé aux musiciens d'anticiper au maximum l’achat des billets et de privilégier les trains circulant en période creuse".

Par ailleurs, la contrebasse devra être transportée sous housse souple étiquetée et ne devra pas dépasser 1m95, housse comprise.

Enfin, pour éviter tout conflit à bord, la SNCF précise que "si la place du voyageur n’est pas à proximité visuelle de l’instrument, ou si une contrebasse est déjà présente à bord, il est envisagé un replacement dans le train ou sur un train suivant sans pénalités".

Si l'emport de cet instrument sera gratuit pendant la période d'expérimentation, il deviendra payant si le service est pérénnisé, avertit la SNCF. "A l’issue de cette phase test, un bilan sera réalisé à la rentrée 2024, en vue de pérenniser le dispositif s’il est satisfaisant", ajoute encore l'opérateur.

Rappelons que la problématique des bagages volumineux répond aux impératifs de sécurité imposés à SNCF Voyageurs.

"Le transport des bagages est conditionné à la nécessité de garantir la sécurité et les conditions de circulation des voyageurs et de nos personnels à bord. Un bagage ne doit, en aucun cas, entraver la circulation dans les couloirs ou l'accès aux compartiments. Ces règles de sécurité s’appliquent à tout bagage, qu’il soit professionnel ou de loisir", instruments de musique inclus.

Selon un sondage mené par le syndicat Profedim (syndicat professionnel des producteurs, festivals, ensembles, diffuseurs indépendants de musique) auprès de 254 instrumentistes, 39% disent avoir déjà été empêchés d’accéder à un train, 70% déclarent avoir écopé d’une amende et 50% évoquent des verbalisations "récurrentes".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business