Utiliser l'épargne pour "reprendre la main" sur la dette? Rousseau répond aux accusations de Le Pen
Un extrait qui refait surface trois mois après. Interrogée le 2 avril dernier par Boursorama, Sandrine Rousseau suggérait de mobiliser l'épargne des Français pour résoudre le problème la dette publique qui s'établit à plus de 3.000 milliards d'euros.
"La France est un des pays où il y a une épargne qui nous permettrait très bien de reprendre la main sur notre dette aujourd'hui", indiquait la représentante du Nouveau Front populaire, réélue députée dès le premier tour des législatives. Et de répondre à la question de savoir si les épargnants pourraient être contraints: "Absolument, absolument."
Orienter l'épargne et non la confisquer
L'extrait a largement été partagé sur les réseaux sociaux en amont du second tour, programmé ce dimanche 7 juillet. À commencer par Marine Le Pen qui a affirmé que l'union de la gauche ponctionnera "impitoyablement" les "Français qui travaillent" et qui "ont économisé toute leur vie pour se constituer une petite épargne" en cas de victoire aux élections législatives.
Une accusation démentie dans la foulée par la principale intéréssée: "L’épargne placée à la banque pollue beaucoup Madame Le Pen. L’argent ne dort pas dans des coffres forts et les placements sont une source majeure de CO2. Orienter l’épargne (et non la confisquer) est indispensable. Une candidate à la présidence de la république devrait savoir cela", a rétorqué Sandrine Rousseau.
Auprès de France info, l'élue précise ainsi qu'elle n'entend pas ponctionner l'épargne des Français mais plutôt que ces derniers détiennent davantage de dette publique: "Au Japon, l'essentiel de la dette est détenu par les habitants, on pourrait imaginer que cela soit le cas en France. Cela permettrait de retrouver une souveraineté de la dette". Aujourd'hui, un peu plus de la moitié de la dette tricolore est détenue par des étrangers.
Mobiliser le Livret A pour la défense, le nucléaire...
La question de la mobilisation de l'épargne des Français pour répondre à certains défis revient régulièrement dans le débat public. Il faut dire que la France est l'un des pays d'Europe où le taux d'épargne est le plus élevé (17,6% du revenu disponible brut). Le patrimoine financier des ménages, hors actions non cotées, a d'ailleurs été multiplié par 5 en 33 ans, à 4 427,7 milliards d’euros en 2023, selon la BPCE.
Il y a quelques mois, un dispositif proposant de mobiliser une partie des encours du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) pour financer l'industrie de la défense avait été adopté par le Parlement. Une mesure que le Conseil constitutionnel avait toutefois rejeté à deux reprises, non pas sur le fond, mais sur la forme, les Sages jugeant le véhicule législatif inadapté (loi de programmation militaire puis projet de loi de finances).
Le Sénat était revenu à la charge en votant à nouveau en mars une mesure similaire, avant que les présidents de groupe à l'Assemblée n'écartent cette proposition des débats.
Quelques jours plus tard, c'est le directeur général de la Caisse des dépôts, Eric Lombard, qui suggérait de flécher l'épargne placée sur le Livret A non pas vers les entreprises de la défense mais vers la construction de nouvelles centrales nucléaires.
"La proposition de financer ce programme de centrales nucléaires par les fonds du Livret A est sur la table, ce serait logique parce que c'est un élément important de la décarbonation de notre économie", avait-il estimé alors que le gouvernement porte un programme de six nouveaux réacteurs EPR évalué à près de 70 milliards d'euros par EDF. Une suggestion ni validée, ni rejetée par l'exécutif.