Vincent Bolloré veut se relancer dans les batteries électriques
Vincent Bolloré croit dur comme fer dans ses batteries. Son fils Cyrille, qui dirige le groupe Bolloré, a reçu vendredi la visite de Bruno Le Maire. Le ministre de l’Économie souhaite développer les usines de batteries électriques en France, alors que quatre projets de gigafactory sont déjà en cours. À Douvrin, près de Lens, l’usine d’ACC, co-entreprise de Stellantis, Mercedes et Total, a déjà livré ses premières batteries.
Pour soutenir le projet du groupe Bolloré, l’État devrait participer au financement de son usine qui devrait être implantée près de Mulhouse. Une aide de quelques centaines de millions d’euros est évoquée alors que le budget de l’usine s’élève à deux milliards d’euros.
Déjà trois milliards d'euros perdus
Le projet est d’autant plus ambitieux que Vincent Bolloré accumule les déboires. En 20 ans, son groupe familial a perdu trois milliards d’euros dans les batteries. Son échec le plus cuisant: celui de ses voitures électriques Blue Cars et du service d'autopartage Autolib.
Après avoir lancé ses voitures à Paris en 2011, il introduit en Bourse sa filiale de batteries électriques, Blue Solutions. Le succès des débuts ne dure pas. Le service d'autopartage accumule les pertes. Autolib ferme ses portes en 2018, sept ans après son lancement. Et deux ans plus tard, le groupe Bolloré retire Blue Solutions de la Bourse.
Il se tourne alors vers les bus mais ils n'ont pas bonne presse. Deux d'entre eux ont pris feu en région parisienne il y a deux ans à cause des systèmes électriques de la batterie de quatrième génération. Le principal problème des batteries Bolloré: elles doivent être maintenues à une température de 60 degrés.
Des partenariats avec Foxconn et BMW
L'entreprise assure cependant travailler sur une nouvelle génération de batteries capable de fonctionner à 20 degrés. Mais concède toutefois qu'il faudra attendre encore deux ans pour être certain de leur fiabilité. Il n'y aura donc pas de gigafactory avant 2030.
Sa technologie de batterie solide, au lithium métal polymère, tranche avec les batteries liquides", au lithium-ion. Le groupe assure qu’elle intéresse les constructeurs. Il a récemment conclu un partenariat avec Foxconn, grand fournisseur d’Apple, ainsi qu'avec BMW. Il n’est pas le seul à avoir misé sur cette technologie. C’est aussi le cas du taïwanais Prologium, qui devrait bientôt débuter la construction de sa gigafactory à Dunkerque.
Mais pour l’heure, "personne ne sait ce que cette technologie vaut car aucune voiture ne roule avec", estime un expert. Vincent Bolloré relance un pari, encore très risqué.