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Voitures électriques: jusqu'à quel point l'UE va-t-elle taxer les véhicules fabriqués en Chine?

Après trois semaines de négociation, l'Union européenne va fixer jeudi le montant des droits de douane imposés aux voitures électriques produites en Chine. Les constructeurs chinois seront particulièrement touchés.

Les nouveaux droits de douane pour les voitures électriques chinoises importées en Europe entrent officiellement en vigueur ce jeudi. Les constructeurs vont ainsi être fixés sur le montant des droits compensatoires qui leur sera imposé. Et ils vont devoir très vite sortir leur carnet de chèque.

Les constructeurs n’ont eu que trois semaines pour négocier avec la Commission européenne. Trop court pour espérer vraiment faire baisser la facture. Les tarifs annoncés au mois de juin par Bruxelles, en conclusion de son enquête anti-subventions, ne devraient être revus qu’à la marge.

"Les constructeurs auront tout juste eu le temps de faire corriger à Bruxelles quelques erreurs de chiffres grossières, mais ils ne pourront pas faire valoir d’arguments révolutionnaires pour faire réduire la note", explique un connaisseur du dossier. De quoi grappiller au mieux, un rabais de 0,1 à 1%.

MG souffre le plus

Parmi les constructeurs chinois, MG souffre le plus, avec des droits de douane compensatoires fixés à 38,1%, contre 20% pour Geely et 17,4% pour BYD. MG, propriété du groupe SAIC, lui-même propriété de l’État de Shanghai, "paie sans doute sa proximité avec le gouvernement chinois, alors que BYD est une compagnie privée", analyse un expert.

"Il est probable aussi" ajoute cet expert, "que Bruxelles ait plus sanctionné les entreprises qui ont peu coopéré lors de son enquête".

Autre explication plausible: la force de frappe de MG. C’est aujourd’hui le constructeur chinois qui exporte le plus de voitures en Europe, plus de 100.000 en 2023 selon le constructeur, qui a anticipé la décision de Bruxelles. Il a d’abord, depuis le mois d’avril, accumulé les stocks un peu partout en Europe, "pour pouvoir maintenir nos prix jusqu’en novembre", explique un cadre de MG.

En France, la double peine

L’entreprise a fait ses calculs. L’augmentation des tarifs douaniers pourrait ajouter un surcoût de 8.000 à 10.000 euros sur une MG4 vendue aujourd’hui à 25.000 euros. Pour faire face à la décision de la Commission, le constructeur entend également vendre davantage de voitures hybrides, notamment en France. Dans l’hexagone, 80% de ses voitures distribuées en 2023 étaient électriques, contre 30% en moyenne en Europe. Un chiffre qui sera sans doute ajusté dans les prochains moins.

"C’est en France que la situation est la plus compliquée pour nous" confirme l’entreprise. "Entre la perte du bonus écologique et les nouveaux droits de douanes, maintenir des prix compétitifs sur l’électrique n’est plus envisageable."

Dès vendredi, MG, comme tous les autres producteurs de voitures électriques en Chine, BYD, Geely mais aussi Tesla ou Renault avec sa Dacia Spring, vont devoir payer à la Commission européenne des droits de douanes compensatoires. L’argent sera placé sur un compte spécial et ne sera encaissé qu’à l’automne.

En effet, pour que ces nouveaux tarifs deviennent définitifs, il faut encore que les 27 s’accordent. La proposition sera retoquée si une majorité qualifiée (d’au moins 15 pays représentant 65% de la population de l’Union Européenne) s’y oppose. D’ici l’automne, constructeurs et gouvernements mécontents auront ainsi le temps d’aiguiser leurs couteaux et d’affiner leurs arguments pour faire revoir sa copie à Bruxelles.

Justine Vassogne