Paris Île-de-France

Yvelines: des élus assurent qu'un "accident ferroviaire majeur" a été évité grâce à un riverain sur la ligne T13

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Une éclisse manquante sur le tramway T13 en Ile-de-France. - Groupe communiste à la région Ile-de-France
D'après les élus de gauche de la région, plus de 400 tramways ont emprunté une voie où deux éclisses étaient dévissées en mars dernier. La faute à un prestataire privé de SNCF Réseau et à l'absence de vérification de fin de chantier, selon leurs informations.
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Ils dénoncent un événement "extrêmement grave et préccupant". Les élus de gauche de la région Île-de-France indiquent dans un communiqué publié ce jeudi 11 juillet qu'un "accident ferroviaire majeur a été évité" dans les Yvelines en mars dernier.

Selon les élus d'opposition, les faits se sont déroulés le 13 mars à Saint-Nom-La-Brèche. Un riverain de la ligne de tramway T13 a signalé "des bruits anormaux" lors du passage des trains sur les rails. Une équipe de maintenance de Transkéo, l'opérateur privé de cette ligne inaugurée en 2022, a constaté sur place que deux éclisses, les pièces servant à réunir deux morceaux de rail, n'étaient pas vissées et reposaient sur le ballast, le lit de cailloux qui supporte la voie.

"Il s’agit d’un incident grave de sécurité qui aurait pu entraîner, selon les experts, le déraillement d’un train", dénonce Céline Malaisé, élue communiste et présidente du groupe de la Gauche communiste, écologiste et citoyenne.

Elle rappelle aussi qu'en juillet 2013, sept personnes sont mortes après le déraillement d'un train à Brétigny-sur-Orge (Essonne) justement lié à la défaillance d'une éclisse.

Une voie empruntée par "plus de 420 trains"

Transkéo et SNCF Réseau ont déclenché des enquêtes internes qui ont révélé que "ce défaut majeur de sécurité" avait été causé dans la nuit du 5 au 6 mars, soit sept jours avant sa découverte, relatent les élus de gauche.

"IDFM a été mis au courant de cette éclisse manquante immédiatement par SNCF Réseau et Transkéo. C'est une partie qui dépend du réseau ferré national", indique Île-de-France Mobilités à BFM Paris Île-de-France. Et l'autorité organisatrice précise également qu'"une inspection a été menée dans la foulée sur la zone de SNCF Réseau pour vérifier qu'il n'y avait pas d'autres éclisses manquantes".

"D’après nos calculs, plus de 420 trains ont emprunté cette portion de la ligne et sont passés sur cette jonction de rail sans éclisse", ajoutent-ils.

Selon leurs informations, c'est un prestataire privé de SNCF Réseau qui a retiré ces éclisses et la vérification de fin de chantier n'a pas été réalisée avant la reprise de la circulation des tramways le 6 mars.

"Le problème n’a pas été repéré immédiatement car la bonne tenue de l’infrastructure n’a pas généré de phénomène notable au passage des trams. Dès détection, la circulation a été interrompue sur la ligne. Les équipes d’entretien sont immédiatement intervenues pour le corriger et les circulations ont pu reprendre. Cet événement a fait l’objet d’une enquête interne et d’un retour d’expérience conformément à la politique de sécurité", se justifie SNCF Réseau.

Les élus dénoncent "les dérives" de la sous-traitance

De son côté, Île-de-France Mobilités assure être vigilant pour la sécurité de réseau francilien et a demandé à SNCF Réseau "d'obtenir les conclusions du rapport d'enquête pour déterminer exactement ce qu'il s'est passé". "Même si IDFM n'est pas propriétaire de cette infrastructure qui dépend du réseau ferré national, IDFM est attentif et vigilant, à la sécurité et au bon fonctionnement du réseau francilien", indique de son côté l'autorité Île-de-France Mobilités à BFM Paris Île-de-France.

Cet incident a été classé "événement de sécurité remarquable" par SNCF Réseau. Pour les élus communistes, il s'agit d'un événement "extrêmement grave et préoccupant" qui "illustre les dérives du recours à la sous-traitance et la faiblesse des moyens humains de SNCF Réseau pour assurer la sécurité" des usagers, qui n'ont pas été informés des faits, et des cheminots.

Céline Malaisé dit enfin avoir demandé en avril au ministre des Transports, à la présidente d'Île-de-France Mobilités, et aux PDG de SNCF Réseau et Transkéo de rendre publics les éléments liés à cet événement. Une demande toujours "sans réponse" à quelques jours des Jeux olympiques de Paris.

Le mois dernier, Île-de-France Mobilités a décidé de changer d'opérateur pour le tramway T12 et T13, tous les deux opérés par Transkéo, codétenue par SNCF Voyageurs et Keolis (elle-même filiale de la SNCF). L'autorité les a attribués à la RATP, via sa filiale de droit privée RATP Cap Ile-de-France pour une durée de 8 ans.

Emilie Roussey avec Nicolas Dumas

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