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Défense

"Cela s'inscrit dans la dissuasion": le chancelier Scholz salue le déploiement en Allemagne de missiles américains longue portée et hypersoniques

Le chancelier Scholz appuie la décision de déployer ponctuellement des missiles américains en Allemagne. Il s'agit des missiles sol-air à très longue portée, de missiles Tomahawk, mais aussi des futurs missiles hypersoniques.

Le chancelier Scholz a défendu jeudi la décision de déployer ponctuellement des missiles américains longue portée en Allemagne face aux craintes naissantes d'une nouvelle course aux armements dans un pays très marqué par la guerre froide.

"Cela s'inscrit dans la dissuasion et cela garantit la paix, c'est une décision nécessaire et importante, prise au bon moment", a déclaré le dirigeant allemand, Olaf Scholz, en marge d'un sommet de l'Otan à Washington.

De nouveaux armements américains en Allemagne

La Maison Blanche a annoncé ce mercredi que les Etats-Unis allaient déployer de façon ponctuelle, à partir de 2026, des nouveaux armements en Allemagne, permettant des frappes plus lointaines que les systèmes américains actuellement positionnés en Europe.

Concrètement, il s'agira notamment de missiles SM-6 --des missiles sol-air multi-usages à très longue portée--, de missiles Tomahawk ainsi que des missiles hypersoniques en voie de développement. Dans un entretien accordé à la radio publique allemande, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius s'est aussi félicité de ce déploiement, qui comble un "très grave manque" dans les capacités du pays.

L'armée allemande ne dispose pas de missiles à longue portée pouvant être tirés depuis le sol, seulement de missiles de croisière pouvant être lancés par des avions. Selon M. Pistorius, ces missiles américains longue portée déployés sont une solution temporaire jusqu'à ce que l'Allemagne ait développé ses propres capacités.

Cela "va nous donner le temps dont nous avons besoin", a estimé le ministre social-démocrate, à l'unisson du chancelier Scholz.

Des "mesures de riposte"

Néanmoins, l'annonce de cet accord entre Washington et Berlin a suscité de vives craintes dans un pays divisé pendant la guerre froide, où les blocs américain et communiste se faisaient face, avec des troupes stationnées des deux côtés. Les critiques viennent y compris de l'aile gauche du propre parti social-démocrate (SPD) du chancelier.

Le député Ralf Stegner a jugé que "tout cela va conduire au réarmement", dans une interview au groupe de presse Funke. Et d'ajouter: "Le monde va devenir plus dangereux".

La coprésidente du nouveau parti populiste de gauche radicale allemand, Sahra Wagenknecht, qui a grandi en RDA communiste, a estimé de son côté que cette décision "allait augmenter le risque pour l'Allemagne de devenir le théâtre de la guerre". Le déploiement de missiles balistiques américains Pershing en Allemagne de l'Ouest, au plus fort de la guerre froide dans les années 1980, a donné lieu à de vastes manifestations pour la paix rassemblant des centaines de milliers de personnes.

Les missiles américains ont continué à être stationnés après la réunification de l'Allemagne en 1990. Mais les États-Unis ont peu à peu considérablement réduit le nombre de missiles stationnés en Europe, car la menace de Moscou s'était alors estompée. Aujourd'hui, la donne a de nouveau changé. Les pays de l'Otan, sous la houlette des États-Unis, s'empressent de renforcer leurs défenses en Europe à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022.

Le Kremlin a réagi jeudi en déclarant qu'il prévoyait des "mesures de riposte" pour contenir la "menace très sérieuse" de l'Otan.

PS avec AFP