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Malgré l'inflation, le taux de pauvreté est resté stable en 2022

Selon l'Insee, le taux de pauvreté a très légèrement reculé en 2022, à 14,4%. L'institut met en avant les revalorisations du Smic, des retraites et certaines mesures de défense du pouvoir d'achat qui ont permis de compenser l'impact de l'inflation sur les plus modestes.

A 5,2% en moyenne sur l'année, l'inflation en 2022 a atteint son niveau le plus élevé depuis des décennies. De quoi craindre une forte hausse du taux de pauvreté... qui ne s'est finalement pas produite, affirme l'Insee ce jeudi 11 juillet. D'après l'institut de la statistique, le taux de pauvreté a même très légèrement reculé cette année-là, à 14,4%, contre 14,5% en 2021.

Dit autrement, cela signifie que 9,1 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté fixé à 60% du niveau de vie médian, soit 1.216 euros par mois pour une personne seule. La moitié d'entre elles ont même un niveau de vie inférieur à 981 euros par mois.

Le taux de pauvreté "est globalement stable depuis 2018 (excepté en 2020, année qui présente des fragilités compte tenu des difficultés de production)" mais "à un niveau parmi les plus élevés observés depuis le milieu des années 1990", observe l'Insee.

Revalorisation du Smic et des retraites

Si le taux de pauvreté n'a pas augmenté malgré une forte inflation, c'est notamment en raison des "revalorisations succesives du salaire minimum" et de la "revalorisation anticipée des retraites de base au 1er juillet 2022", indique l'institut de la statistique. Et d'ajouter que "les mesures ciblées sur les ménages les plus modestes comme la 'prime exceptionnelle de rentrée'" ainsi que "la revalorisation de l'ASF (Allocation de soutien familial, NDLR) ont eu un effet de baisse (du taux de pauvreté), de l'ordre de 0,3 point de pourcentage" et ainsi "compensé les effets à la hausse de la diminution des aides au logement sur le taux de pauvreté".

Dans le détail, le taux de pauvreté des salariés a reculé de 0,2 point, à 6,1%, principalement en raison des revalorisations du Smic et de l'augmentation du taux d'emploi qui a atteint son plus haut niveau depuis que l'Insee le mesure.

A l'inverse, le taux de pauvreté des chômeurs a légèrement progressé (35,3%, +0,2 point), "même s'il reste inférieur à son niveau d'avant la crise sanitaire", souligne l'Insee. Enfin, le taux de pauvreté des retraités demeure inférieur au reste de la population et diminue très légèrement à 10,8% (-0,1 point) notamment en raison "de la revalorisation anticipée (+4%) au 1er juillet de l'allocation de solidarité aux personnes âgées".

Esther Duflo – Révolutionner l'étude de la pauvreté
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21:41

Un niveau de vie médian de 2.028 euros par mois

Comme le taux de pauvreté, le niveau de vie médian des Français est resté stable en 2022, à 24.330 euros constants (en tenant compte de l'inflation). Dit autrement, la moitié vit avec plus, l'autre avec moins. Cela correspond à un revenu disponible médian de 2.028 euros mensuels pour une personne seule et de 3.650 euros pour un couple avec un enfant.

"Le niveau de vie médian a été soutenu par l’amélioration de l’emploi salarié, par les revalorisations successives du salaire minimum et par les mesures prises dans le cadre de la loi portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat" (revalorisation anticpée des retraites et prestations sociales, hausse du plafond d'exonération des heures supplémentaires et de la prime de partage de la valeur), note encore l'Insee.

Si elles se stabilisent, les inégalités restent malgré tout "à un niveau élevé" alors que "les 20% des personnes les plus aisées perçoivent 38,3% de la masse totale des niveaux de vie et les 20% les plus modestes, 8,7%".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco